L'histoire :
Il y a neuf cent ans, alors que les habitants du pays de la dynastie des Song vivaient en paix, une terrible épidémie s’abattit sur tout le pays, à tel point que l’empereur Ren-Zong décida de solliciter le pouvoir du plus grand maître de Tao de ses contrées pour y faire face. Ce dernier résidant au mont du dragon et du tigre, le grand maréchal Hong Xin y fut dépêché pour l’y quérir. Arrivé au temple au pied du site, Hong Xin apprit pourtant que le grand maître n’y résidait pas mais habitait en fait en haut même du mont. Après un court périple sur le chemin y menant, Hong Xin finit par rencontrer le grand maître, ce dernier ayant déjà pris le chemin de la capitale. Le lendemain, Hong Xin profita qu’il était au temple pour le visiter avant de repartir à son tour. Passant devant une porte scellée censée renfermer 108 démons, il ordonna qu’on la lui ouvre, ne croyant pas à ce qu’il estime alors être des balivernes. Derrière, il découvrit une stèle qu’il fit ouvrir et d’où s’échappa alors une sorte de phénomène inexplicable… Quelques décennies plus tard, alors que les strates du pouvoir sont maintenant complètement décadentes, des guerriers révoltés par la corruption vont voir leurs destins se croiser pour former progressivement un groupe de hors-la-loi prêt à braver le gouvernement. Parmi eux, Lin Chong, le grand instructeur des gardes impériaux, Shi Jin, le « dragon bleu », ou encore Lu Da, un contrôleur frontalier à la force extraordinaire… En tout, 108 guerriers s’élèveront contre la décadence, pour autant de démons libérés par ce même mal des années auparavant.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la récente version parue chez Delcourt au format Franco-belge, l’éditeur nous propose ici une nouvelle adaptation d’un des plus grands classiques de la littérature chinoise, aussi connu au Japon sous le nom deSuiko-den, terme qui est d’ailleurs devenu générique dans l’archipel pour désigner des histoires aux nombreux héros révoltés et connaissant d’innombrables périples, comme nous le montre par exemple la sage vidéo-ludique éponyme. Et c’est logiquement qu’il choisit pour cette œuvre des plus connues la version réalisée par l’un des auteurs les plus connus au Japon, à savoir monsieur Yokoyama, rien de moins que le créateur de Tetsujin 28 et qui a également réalisé l’adaptation manga d’une autre histoire culte asiatique, celle de Les 3 royaumes. Ce monstre sacré est à placer dans la lignée de Tezuka avec qui il partage d’ailleurs le style graphique inspiré des vieux cartoons américains. Pourtant, même si l’auteur est impressionnant et que l’on sait que cette libre adaptation ne respectera pas à la lettre les 110 chapitres originels, certains ayant été supprimés ou inversés, on appréhende quand même les limites de l’exercice lorsque l’on apprend que l’histoire se déroulera sur 8 volumes seulement. Résumer l’histoire des 108 guerriers sur « aussi peu » de pages inquiète lorsque l’on voit que ce premier tome ne présente que très peu d’entre eux. Néanmoins, et une fois le chapitre d’introduction passé, ce dernier dénotant un peu avec le reste, on se laisse porter par les histoires successives des premiers guerriers présentés. Les planches sont soignées et dynamiques, et la mise en scène, assez classique, impressionne tout de même parfois, notamment par ses cadrages et quelques pleines pages, surtout lorsque l’on prend en compte l’année de parution originelle. Presque tout est fait à la plume et le tramage se réduit souvent à sa plus simple expression. On peut ainsi comparer graphiquement et historiquement cette œuvre à Bouddha de Tezuka avec son style ancien mais soigné. Pour conclure ce tome, 10 pages d’explications très intéressantes sont ajoutées qui reprennent l’histoire de l’œuvre et de ses différentes adaptations (ainsi que quelques clés de compréhension bien nécessaires). A lire.