L'histoire :
Tadayasu et Kei sont deux garçons de la campagne qui rentrent à l’université cette année. Ils quittent donc leur famille, respectivement productrices de tanekoji et de saké, pour intégrer un cursus agricole. Tadayasu a un pouvoir particulier que seuls ses proches connaissent : il peut voir les bactéries et autres micro-organismes à l’œil nu, et même communiquer avec eux ! Le jour de la rentrée, Tadayasu a pour instruction de trouver le professeur Itsuki qui est une connaissance de son grand-père. Avant cela, Tadayasu et Kei assistent à la cérémonie de rentrée, où on leur distribue un trac avec une photo d’une étudiante de 3ème année disparue : Haruka Hasegawa. Puis, les deux jeunes hommes partent en direction du bureau du professeur Itsuki, en traversant l’une des forêts expérimentales du campus. Là, l’œil de Tadayasu est attiré par un regroupement inhabituel de microbes qui sortent de terre. En s’approchant, ils découvrent que quelque chose est enterré sur environ 2m de long, et un morceau de bois y est planté qui indique « Hasegawa ». Pensant avoir peut-être découvert le corps de l’étudiante disparue, ils préviennent la police qui s’apprête à déterrer le cadavre lorsque le professeur Itsuki arrive avec une pelle. Il révèle alors ce qui n’est autre qu’un phoque dont le cadavre a été fourré de dizaines d’oiseaux de mer. En réalité, il s’agit d’une expérience alimentaire de fermentation, un kiviak inuit, réalisée par Itsuki et Hasegawa, qui est la disciple du professeur. Cette dernière n’a d’ailleurs pas disparu mais elle était seulement partie faire des recherches quelques temps. Si cette première rencontre est impressionnante, Tadayasu n’est pas au bout de ses surprises. En effet, le professeur est au courant de sa capacité à voir les micro-organismes et il compte bien l’exploiter dans ses recherches...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Traitant de l’agriculture au sens large du terme (de la fermentation des aliments à la pousse des légumes, en passant par la production d’alcool, de fromage ou le soin des bêtes), mais en abordant le sujet principalement via l’axe des micro-organismes, Moyasimon - Il était une fois les microbes est une série phénomène qui a reçu de nombreux prix au Japon et s’est vue adaptée en anime ainsi qu’en drama. Et à l’image de l’autre série du genre qu’est Silver spoon (Kurokawa), ce succès n’est pas galvaudé, comme le montre la lecture de ce premier opus enthousiasmant (sur 13 prévus). On y suit principalement Tadayasu, un jeune homme qui intègre la première année d’études dans une université agricole. Mais l’intérêt du récit est que Tadayasu a la capacité unique de voir et de communiquer avec les micro-organismes : il visualise les microbes et bactéries comme des petits bonhommes avec qui il peut interagir ! Tout cela n’est évidemment qu’un prétexte qui permet à l’auteur de nous parler du rôle de ces micro-organismes dans tout ce qui a attrait à l’agriculture. Cela réussit plutôt bien : malgré quelques passages un peu verbeux et de nombreuses séquences d’explications, le récit se montre assez accrocheur et on se surprend à rapidement se passionner pour tout cela. On notera pourtant quelques défauts : malgré tout ce texte, il manque parfois encore quelques explications pour bien tout comprendre, ainsi qu’un lexique un peu détaillé, voire même des notes complétives, en fin de volume. Côté dessin, on alterne entre le semi-réalisme et un style qui emprunte parfois un peu au genre super deformed. La bonne idée est d’avoir représenté les micro-organismes comme des petits bonhommes qu’on peut facilement différencier les uns des autres grâce à leurs traits caractéristiques. Les protagonistes humains sont eux aussi très typés et la galerie s’enrichit au fur et à mesure du récit, de l’étudiante obsédée par la propreté aux deux losers de deuxième année qui cherchent à gagner de l’argent en produisant du saké illégalement mais avec beaucoup de passion. Entre sérieux et humour, le dessin est donc à l’image du récit où l’on apprend énormément tout en profitant des gags qui ponctuent le tout. Un peu moins fun que Silver Spoon et moins sérieuse que Les fils de la terre (Delcourt), Les pommes miracle ou Moi, jardinier citadin (toutes deux chez Akata), la série sait pourtant d’emblée trouver sa propre voie à mi-chemin entre les autres, ce qui n’est pas plus mal. Amusant et éducatif, que demander de plus ? Eh bien, la suite, pardi !