L'histoire :
En l’an 1830, la nouvelle fait l'effet d'un véritable coup de tonnerre : la Chine est attaquée. L’empire du milieu perd la guerre de l’opium contre l’Angleterre. Elle est obligée de se plier aux règles européennes. Le Japon apprend vite la nouvelle et craint pour son propre pays, isolé depuis 1630. Le Shogun Tokugawa accueille cette nouvelle comme un avertissement. Les autorités se renseignent alors rapidement auprès des seuls étrangers qui ont un droit d’entrée dans le pays : les Hollandais. Ils comprennent vite que le nombre ne fait pas tout dans la guerre et l’intelligence stratégique des Européens peut les mettre en grand danger. Le shogunat décide alors d’assouplir les lois d’accueil. Tout étranger qui demande assistance sera accepté sur le territoire. Du moins, temporairement... car s’ils restent au Japon, ils seront irrémédiablement chassés par les Daimyos. Au sein de l’Empire, tout le monde n’est pas d’accord sur la façon de traiter les étrangers. En 1846, le premier bateau américain arrive dans la baie d’Edo. Il est refoulé à Nagasaki puis chassé fermement. Preuve qu’il faut se montrer ferme vis à vis des étrangers. En 1853, c’est le contre-amiral Perry, avec une flotte plus importante, qui débarque au large des îles Ryuku. Les bateaux noirs apportent un funeste présage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Funestes vaisseaux est le témoignage de la modernité et d’un milieu qui a ouvert ses frontières et mélange les cultures. En effet, le scénariste Sean Michael Wilson est un écossais installé au Japon qui a écrit autant de mangas que de BD ; et Akiko Shimojima est une mangaka qui à débuté aux Etats-Unis. L’œuvre elle-même est hybride, puisqu’elle relève du format BD avec un éditeur rompu à l’exercice, tout en proposant un dessin noir et blanc style manga. Tout le contraire, donc, du propos de cet album qui décrit le Japon du XIXème siècle centré sur lui-même et réfractaire à tout échange avec l’extérieur. Le propos est clairement historique avec des détails extrêmement précis, des assemblages de dates et des faits bien connus ou plus anecdotiques. Tant et si bien que le déroulement linéaire, très fourni et pédagogue, plaira beaucoup aux amateurs d’Histoire... mais beaucoup moins aux autres. Néanmoins, le travail de Wilson, ajouté au dessin très efficace et délicieusement rétro de Shimojima, s'avèrent une mine d’informations sur l’époque, le fonctionnement de la société nippone et le comportement colonialiste et agressif des Américains. L’épisode central et célèbre reste l’arrivée des « bateaux noirs » du commandant Perry. Pour le reste, à moins d’être un spécialiste du genre, les événements sont plutôt méconnus. Même si tout est linéaire et emprunte un ton très historique, il y a de beaux faces-à-faces entre les dirigeants japonais et les officiers étrangers, avec des moments de tension terribles. C’est aussi une belle découverte sur la politique du Japon qui a dû s’adapter à son temps et aux intrusions étrangères. Du beau travail de restitution et d’explications.