L'histoire :
Polluant et faisant du bruit, la Heartful Company dont le slogan est « La sécurité avant tout » ne bénéficie pas d’une bonne réputation, pour preuve la foule de personnes manifestant devant. A l’intérieur de l’usine, les ouvriers travaillent à la chaîne, à une cadence infernale : il s’agit de sans-abris payés uniquement avec des restes de nourriture pour qu’ils puissent manger et qui sont fouettés s’ils ne travaillent pas assez vite. Aussi, les armes de guerre qu’ils fabriquent (missiles, chars, avions...) ne coûtent rien à leur patron qui se félicite de faire toujours plus de bénéfices. Hélas pour lui, ce dernier apprend un jour qu’il a un cancer en phase terminale et qu’il ne lui reste que 6 mois à vivre. Le lendemain, il convoque ses têtes pensantes pour leur faire une annonce de taille : il compte désormais faire uniquement des bonnes actions ! Ses sbires sont là pour l’aider à trouver des idées car il ne sait pas faire le bien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa couverture rose pleine de ronds de toutes les couleurs et d’étincelles, Heartful Company pourrait nous faire penser qu’il s’agit d’un titre mignon mais, en y regardant de plus près, on découvre alors un amoncèlement de têtes horribles. Cela représente bien l’ironie du scénario qui veut qu’un fabricant d’armes de guerre décide soudain de faire le bien en s’y prenant mal, mais alors vraiment très mal (par exemple, au lieu de diffuser des fleurs, il propage le virus Ebola). Certains y verront une sorte de fables pleine d’humour noir et de gags à répétition (via la réutilisation complètement volontaire de planches), d’autres y verront une critique de la société, du travail à la chaîne et des dirigeants sans-cœur. Dans les deux cas, le récit est bien mené, plein de surprises et, pour peu que l’on adhère au délire, amusant. Il faut souligner que l’imagination de l’auteur est assez incroyable et que le trait du dessinateur, assez « sale » (on pourrait le rapprocher de celui de Q Hayashida, l’auteur de Dorohedoro), se prête parfaitement au côté glauque et décalé de l’intrigue. A noter aussi que cette version reliée n’est pas identique à celle de la prépublication japonaise qui n’avait pas été achevée : des remaniements scénarisés et graphiques ont eu lieu, mais le rendu de ce one-shot n’en demeure pas moins réussi, bien au contraire. A essayer, donc !