L'histoire :
M. Hattori est venu rendre visite à Moritaka et Akito dans leur atelier, mais il n’est pas seul. Celui qui l’accompagne, Miura, est en fait son remplaçant : Hattori ayant récupéré la responsabilité de suivre la série One Piece en plus de celle qu’il avait déjà, il ne pourra donc s’occuper de Détective mystificateur trap comme prévu. C’est la douche froide pour les jeunes gens, mais il faut malheureusement accepter cela car la décision est irrévocable. Une fois la passation effectuée, Hattori s’en va et Miura ne leur laisse pas le temps de déprimer : il faut voir pour le contrat officiel avec Shûeisha, expliquer la rémunération, le planning, l’organisation générale, et surtout le problème des assistants. Car Miura ne veut pas que les auteurs prennent trop d’avance avec leur histoire par rapport à la publication : avoir un planning plus serré leur permettra d’être plus réactif si besoin en fonction du vote des lecteurs. Il va donc falloir fournir 25 planches par semaine avec seulement deux chapitres d’avance, et des assistants seront donc indispensables. Comme Moritaka et Akito ne connaissent personne qui pourrait faire l’affaire, c’est Miura qui va se charger de leur en trouver trois assez rapidement mais, si l’un d’eux est très expérimenté et prend immédiatement la direction des autres et est d’une précieuse aide pour les jeunes auteurs, la vie en communauté avec ces inconnus va être au début le théâtre de quelques tensions...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ca y est, les deux héros sont devenus des professionnels, et leur vie va changer en conséquence. Tout d’abord, le premier bouleversement de cet avènement est que M. Hattori, leur responsable éditorial jusqu’ici, ne peut plus s’occuper d’eux car il est trop pris par d’autres séries. C’est donc un nouveau venu dans la profession qui va prendre le relais, et les jeunes auteurs vont devoir appréhender les aspects de leur nouvelle vie tout en gérant leur relation avec lui : peuvent-ils vraiment lui faire confiance alors qu’il manque parfois de conviction, et son expérience est-elle suffisante ? A cela s’ajoutent des problèmes plus terre à terre : gérer les assistants qu’on leur a trouvés, supporter la pression des résultats des votes des lecteurs suite à la publication des premiers chapitres de leur série, réorienter ou non leur scénario en fonction de ces résultats... Ce sont donc de nombreux sujets qui sont ainsi passés en revue pour notre plus grand plaisir curieux, d’autant plus que le scénariste n’oublie pas non plus de faire avancer l’histoire du point de vue des protagonistes : la relation entre Moritaka et Miho est un peu bouleversée lorsque la jeune femme hésite à poser en petite tenue pour un recueil de photos, et les personnages secondaires ont également une place conséquente dans les présents chapitres. Ainsi, le duo concurrent Aoki / Nakai a une grande importance dans ces pages, le moyen pour l’auteur de traiter d’autres problématiques, même si la forme employée est très (trop) shônen (le jeune homme veut prouver sa valeur à la scénariste et vient dessiner au pied de son immeuble toutes les nuits jusqu’à ce qu’elle accepte de le considérer !). Le fil rouge de ce cinquième volet est dédié à la course au classement des nouveaux auteurs et l’on suit donc méthodiquement les variations stratégiques et les réflexions des auteurs et responsables éditoriaux au fur et à mesure que les résultats tombent. Le scénariste donne donc un peu dans un mind game qui ne dépaysera pas les lecteurs qui le suivaient déjà du temps de Death note, et qui rattrape le côté classique (et parfois peu réaliste sur certains points) du reste de l’histoire. Côté dessin, c’est encore un volume impeccable que nous propose Takeshi Obata. On sent d’ailleurs qu’il ose un peu plus se lâcher maintenant et, si les moments de tension sont dessinés avec sérieux, il propose de plus en plus de petits dessins loufoques (principalement des grimaces) lors des scènes qui s’y prêtent. En bonus, on a même droit à une guest star en la personne de M. Torishima, le directeur général si souvent caricaturé par Akira Toriyama (et d’autres...). Un opus prenant encore une fois, et toujours avec ce côté didactique qui nous plonge sans ennui du côté des coulisses de l’industrie du manga ; une réussite.