L'histoire :
Chine, début du 20ème siècle. Le gouvernement corrompu de la dynastie Qing a mené le pays à une misère sociale prononcée. Certaines puissances occidentales ainsi que le Japon ont déjà commencé à s’installer en Chine et le gouvernement Qing, sous l’égide de l’impératrice douairière, a détourné la colère du peuple sur les étrangers. Partout à travers le pays, des gens organisent cette rébellion en une armée improvisée, celle des boxers, et de partout ceux-ci font marche vers la capitale pour « soutenir les Qing et anéantir les étrangers ». Au fin fond de la campagne, la jeune Ji Sanniang ne peut payer l’impôt et est condamnée à être tabassée. Après son supplice, celle-ci se rend là où réside le percepteur et se glisse dans son lit. Lorsque celui-ci vient se coucher, elle le tue avant de s’enfuir, poursuivie par des gardes. De fil en aiguille, elle se retrouve à croiser le chemin de l’armée des boxers, la division des femmes dirigée par Huang Lian. Sachant qu’elle a tué un fonctionnaire, la dirigeante lui propose alors de les rejoindre et de monter avec elles à la capitale. Comprenant qu’elle aura à manger, Ji Sanniang accepte sans savoir plus que cela dans quoi elle s’engage. Arrivées dans une ville d’occidentaux construite autour d’une gare de chemin de fer, les femmes se lancent à l’assaut et tuent tous ceux qu’elles y croisent avant de tout brûler. Lors des atrocités, Huang Lian capture deux prêtres catholiques et force alors Ji Sanniang à les violer puis à les tuer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré le fait qu’il s’agisse d’un manga d’Osamu Tezuka, Ikki Mandara s’avère être une petite déception. Ce constat vient du cumul de plusieurs points d’origines différentes. L’édition pour commencer : première mauvaise surprise à la lecture, alors que l’on pense avoir affaire à un prologue, la première page donne un résumé complet de la première partie que l’on s’apprête à lire ! Merci pour le spoil ! La seconde partie possède elle aussi la même chose mais, cette fois-ci, on ne se fait pas avoir. Le second problème vient directement du héros qui donne le nom à la série, celui-ci n’arrivant qu’après 300 pages (sur 550 !), mais l’explication se trouve notamment dans la postface de l’auteur : le personnage principal des 300 premières pages n’est finalement là que pour pouvoir introduire l’histoire du véritable héros et le mettre en scène de façon détournée, et la série a été arrêtée par l’éditeur avant son terme. Du coup, ce manga donne l’impression de suivre les bouleversements révolutionnaires en Chine alors que c’est bien l’histoire du Japon qui était visée… et ratée, pour le coup ! Enfin, si de nombreuses notes sont présentes tout au long de ces pages, il reste tout de même un manque au niveau de l’adaptation française, certains points restants flous pour les non connaisseurs, et il y a aussi un ou deux problèmes de phylactères (page 221 par exemple). A part cela, si l’histoire possède quelques longueurs, le scénario reste tout de même accrochant, même si la première partie, en Chine, reste de loin la meilleure. D’ailleurs, mettre en scène cette partie de l’histoire à travers les yeux d’une paysanne sans éducation et qui ne comprend pas ce qui lui arrive est un très bon point : on voit de quelle manière elle se fait manipuler et se bat pour des enjeux qu’elle ne comprend pas. Quant aux graphismes, ils sont fournis, aux décors variés, aux personnages expressifs, assez réalistes lors des phases les plus sérieuses et bien mis en scène. Malgré sa fin précipitée, ce manga reste tout de même une œuvre à lire pour les amateurs d’histoire asiatique ou simplement les amateurs de Tezuka.