L'histoire :
Shogo Chikaishi n’a jamais su qui était son père. Chaque semaine, sa mère lui en présentait un nouveau mais, finalement, le garçon n’a jamais connu l’identité de son géniteur. Un jour, alors que sa mère avait une discussion en privée avec l’un de ces « pères », Shogo entra dans la chambre et découvrit les deux adultes nus en train de s’étreindre. Choqué, Shogi développa alors une haine pour l’amour, n’hésitant pas à tuer des animaux s’accouplant ou à agresser des amoureux en train de se bécoter. A cause de ses accès de violence, Shogo finit par être interné dans un hôpital psychiatrique. Comme son cas est extrême, le médecin décide un jour d’utiliser un traitement à base d’électrochoc. Les décharges sont si fortes que Shogo s’évanouit de douleur. Là, il rencontre la déesse de l’amour qui décide de le punir pour ses actes odieux : ainsi, le jeune homme tombera désormais toujours amoureux de la même femme, en différents lieux et à différentes époques, mais la mort de l’un d’eux interviendra à chaque fois avant qu’ils ne puissent s’unir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En nous présentant un jeune homme instable psychologiquement, faisant preuve de cruauté envers les animaux et s’attaquant aux amoureux, Osamu Tezuka prend le risque de mettre en scène un personnage principal antipathique et dont le récit de son enfance pourrait faire sombrer la narration dans le pathos. Néanmoins, faisant honneur à son surnom de Dieu du manga, le mangaka nous dresse de façon prenante le portrait de quelqu’un de blessé, fragilisé par la vie et complètement perdu, ce qui fait qu’on éprouve tout de même de la sympathie pour lui et qu’on a envie de lire son histoire. La malédiction qui s’abat sur Shogo l’obligeant à tomber vainement amoureux de la même femme permet à l’auteur de proposer des histoires d’amour variées (aussi bien dans le temps que le lieu) tout en développant le même fil conducteur : l’amour vient quand on ne s’y attend pas mais est essentiel pour vivre. Ces changements de contexte apportent rythme et variété et on reste accroché à chaque page tant la narration nous emporte. De plus, on évite le piège des chapitres qui se suivent en se contentant déchaîner les intrigues : ici, elles s’inscrivent toutes dans une lignée cohérente et se croisent de manière très bien trouvée. Enfin, à travers la méchanceté des hommes, l’auteur développe également d’autres thèmes comme l’avancée technologique, la loi de la nature et la guerre, et propose donc une véritable réflexion sur la nature de l’homme. Le scénario est impeccable et les graphismes ne sont pas en reste, dans le style plus mature de l’auteur (que l’on a déjà pu voir par exemple dans L’histoire des 3 Adolf), à quelques cochons grimaçants près qui viennent de temps en temps agrémenter une moue. Bref, encore un chef d’œuvre d’Osamu Tezuka : jetez-vous dessus !