L'histoire :
An va bientôt se marier et déménager à l’étranger. Elle et sa petite sœur Chii sont donc en train de trier ses affaires dans sa chambre de jeune fille lorsque Chii tombe sur une boîte contenant de vieilles photos ainsi qu’un petit sablier. L’objet remémore alors à An une histoire, la sienne, entamée quatorze années plus tôt lorsqu’elle-même et sa mère partirent habiter à la campagne dans la maison de ses grands-parents. Suite au divorce de ses parents, sa mère est en effet revenue sur les lieux de sa jeunesse qu’elle avait tout fait pour quitter, et ce retour aux sources lui est assez insupportable. La femme souffre en effet de dépression et son état a récemment empiré. Quant à An, se retrouver soudainement à la campagne dans un petit village où « la vie privée n’existe pas » lui est tout d’abord assez pénible. Mais elle va rapidement faire la connaissance d’autres jeunes de son âge, et en premier lieu Daigo, un garçon qui n’est autre que le fils de la meilleure amie de sa mère. Celui-ci se rend compte que la jeune fille est perturbée et va se montrer gentil avec elle, d’autant qu’il ne semble pas étranger au charme de sa nouvelle amie. An aussi, après quelques chamailleries, finit par bien l’apprécier et ce dernier va notamment l’épauler lorsqu’un nouveau drame survient dans la vie de la jeune fille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’origine du nom de ce manga est, vous l’aurez compris, le sablier que l’héroïne retrouve quatorze ans après son acquisition lors d’un passage très sombre de sa vie. Symbole des époques du passé, du présent et de l’avenir, cet objet est à lui seul une allégorie du thème central de cette œuvre : le temps qui passe. Ainsi, le lecteur ressent fortement cette approche par le biais d’une narration découpée : l’œuvre commence « de nos jours » et plonge rapidement dans un flash-back nous ramenant quatorze ans en arrière pour le premier chapitre. Puis, après l’événement majeur de cette période qui clôt le changement de vie d’An, le second chapitre fait un bond en avant d’un an et demi pour nous faire vivre le second virage important de la vie de la jeune fille, maintenant entrée de plein pied dans l’adolescence. Avec pudeur et beaucoup de justesse, l’auteur centre donc le récit sur l’essentiel pour narrer rapidement, mais sans empressement, une histoire riche de quatorze années d’une jeunesse que la vie n’a pas épargnée. Le cocktail complet du shôjo triste est là : divorce, dépression, mort, premières amours, triangles amoureux, jalousies, enfant illégitime, affres adolescentes... Pour autant, on ne verse pas dans le larmoyant à outrance et le récit reste crédible en permanence. Quant aux dessins, ceux-ci sont fins et travaillés, pas avares en tramages et en effets de style. Une série à la mélancolie à fleur de peau, dont ce premier opus nous laisse plein de questions : pourquoi ce ton triste dès le début ? Que va-t-il arriver au gentil Daigo que An a souhaité ne jamais quitter et qui semble devoir disparaître (mais peut-être est-ce fait exprès pour nous induire en erreur) ? Qui est cette « petite sœur » au début du volume. Un suspens énorme rappelant assez l’effet produit par les phrases mélancolique des fins de chapitres de Nana (chez Delcourt). A suivre, sans faute !