L'histoire :
Etat du Mississipi, 1929. Une fois de plus, RJ, un jeune paysan noir, ne s’est pas réveillé et c’est sa femme qui doit le tirer du sommeil pour qu’il aille travailler. En arrivant aux champs, le jeune homme se fait accueillir par sa sœur qui se met à le frapper et à le sermonner. Du coup, à la fin de la journée, celui-ci se sent encore plus fatigué que d’habitude et cherche un peu de réconfort auprès de sa femme, qui commence alors à se moquer gentiment de lui. Ce soir-là, le couple reçoit la visite d’un ami de RJ, venu le chercher pour aller boire un peu. Voyant que sa femme n’apprécie pas l’idée, RJ commence à la supplier avant de laisser le bébé qu’elle porte décider. Il colle son oreille sur le ventre de sa femme et ressent alors un coup de pied du bébé qu’il interprète comme un signe d’approbation. Une fois au club, RJ peut boire une bière tout en écoutant jouer des groupes de blues. Au bout d’un moment, le jeune homme prend une guitare et commence à jouer à son tour. Cependant, la mélodie qu’il produit sonne tellement faux que tout le monde commence à se moquer de lui. Quelqu’un lui conseille même d’aller vendre son âme au diable en échange du don de la musique, dans un endroit nommé Cross Road…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien que le concept de départ était de réaliser un manga retraçant la vie du mystérieux et célèbre bluesman Robert Johnson, l’auteur nous livre en fait un récit fantastique mélangeant faits historiques, musique et extrapolations mystiques. L’histoire commence de façon réaliste : un paysan noir qui rêve de musique et de liberté dans le Mississipi du début du 20ème siècle, et l’on croit que les choses vont s’accélérer lorsqu’on retrouve la « fameuse » légende d’inspiration vaudou de la croisée des chemins où l’on pourrait sous certaines conditions rencontrer le diable. Il n’en est pourtant rien et l’intrigue continue d’avancer lentement, peut-être même un peu trop parfois, pour mieux nous déstabiliser lorsqu’on ne s’y attend plus, tout comme c’est le cas pour RJ. L’ambiance est bien posée, la musique et la passion des personnages sont parfaitement rendues et la lecture est plutôt envoûtante. Par ailleurs, on notera que les différentes parties de l’histoire s’intitulent comme des chansons du musicien. Mis à part quelques cases un peu moins travaillées que les autres et un découpage trop classique, les dessins sont assez bons : les personnages sont très réalistes, les décors nombreux et soignés, et le tramage maîtrisé. Ce premier tome est donc fort agréable à lire et on est curieux de voir ce que donnera la suite.