L'histoire de la série :
Ginko est un jeune homme ayant toujours une cigarette à la bouche et qui exerce le métier de mushishi, c'est-à-dire de chasseurs de mushis. Ceux-ci sont des êtres proches des spectres et certains sont plus menaçants que d’autres et viennent perturber le quotidien des humains de différentes façons. Ginko est plutôt particulier car il essaie toujours de comprendre les racines du mal, pour ne pas perdre sa part d’humanité.
L'histoire :
Voici les quatre dernières aventures de Ginko le mushishi :
Les fils de lumière : Le mushishi rencontre Gen, un enfant à la force étonnante qu’il avait soigné lorsqu’il venait de naître. Après l’accouchement, sa mère avait acquis la sensibilité nécessaire pour voir les mushi et, sans le faire exprès, tirait des fils d’énergie vitale en touchant les créatures vivantes. A cause de cela, son fils était sur le point de mourir et le mushishi l’avait soigné en lui faisant revêtir un kimono fait de ces fils de lumière. Mais l’enfant a porté celui-ci trop longtemps...
L’arbre éternel : Kanta est un père de famille qui parcourt le pays pour travailler. Alors qu’il retourne chez lui, il tombe par hasard sur une prune au milieu de la forêt et l’avale. A partir de ce jour, il commence à avoir des souvenirs qui remontent à bien trop longtemps pour être les siens, notamment l’image d’un arbre géant ainsi que son village vu d’un certain coin de la montagne. S’y rendant, il trouve ce qu’il reste de la souche de l’arbre de ses rêves mais ses pieds fusionnent avec le bois et il n’est sauvé que par l’arrivée du mushishi. En réalité, le mushi de l’arbre avait sauvé la mémoire de ce dernier dans la prune lorsqu’il fut abattu afin qu’une créature vivante puisse les absorber et fusionner avec l’arbre pour lui rendre la vie. Tentant de soigner Kanta, le mushishi va découvrir ce qui est arrivé à l’arbre sacré...
Les ténèbres fragrantes : Kaoru est souvent inquiet lorsqu’il sent le parfum des fleurs à la tombée de la nuit : celui lui donne l’impression qu’il a oublié quelque chose d’important. Un soir de pluie, le mushishi frappe à sa porte pour lui demander asile et Kaoru croit avoir déjà vécu cette scène de nombreuses fois. Aussi, cette fois-ci, lorsque Ginko lui demande s’il peut l’aider à résoudre un quelconque problème d’ordre surnaturel, l’homme lui explique son cas. Pour le mushishi, il doit s’agir d’un kairô, un mushi qui piège les créatures vivantes en les attirant dans une sorte de grotte au parfum de fleurs enivrant. Un fois coincé, on y revit sans cesse la même boucle temporelle...
Les larmes des grelots : Au moment où est née Kaya, la petite sœur de Yoshirô, la montagne entière a résonné d’un bruit de grelots aux tintement surnaturels. Redescendant rapidement chez lui, le jeune garçon découvre alors que sa sœur est née avec une sorte de malédiction : des plantes lui poussent sans cesse sur la tête. Quelques années plus tard, Ginko a la surprise de découvrir que le gardien de cette montagne est, chose inédite pour lui, un être humain, une jeune fille qui semble très affaiblie. Ayant vu son aide rejetée par cette dernière, Ginko redescend de la montagne et tombe sur un jeune homme qui lui dit rechercher sa jeune sœur perdue dans la montagne depuis des années. Le mushishi lui explique alors qu’elle a été désignée par la nature pour devenir le gardien de ces lieux et qu’elle n’est plus humaine mais a fusionné avec l’esprit de la montagne. Mais Yoshirô refuse cette fatalité. Quelques temps plus tard, il tombe par hasard sur Kaya, sans connaissance, et la ramène enfin chez lui. Là, la jeune fille voit ses souvenirs et ses sentiments humains lui revenir petit à petit, tandis que la montagne, elle, se détraque de plus en plus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette série avait commencé de manière assez moyenne mais ce dernier tome la fait se terminer sur un véritable point d’orgue. Les quatre histoires qui y sont présentées sont en effet parmi les meilleures de la série : touchantes, parfois poétiques, l’auteur y fait preuve d’une sensibilité très « féminine » dans le rythme et le scénario, réveillant le côté animiste et écologique qui est en nous. L’ambiance est toujours assez flottante, lente et tranquille, mais on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de cet ultime opus car les scénarii sont passionnants et possèdent plusieurs niveaux de lecture. Pour une fois, il n’y a pas de gros problème au niveau de la qualité de l’édition française et aucune tâche d’encre disgracieuse ne vient donc gâcher les planches. Le style est comme toujours assez simple, voire épuré malgré certaines lourdeurs concernant le tramage qui reste malheureusement assez grossier dans ses nuances (mais toutefois moins qu’au début) d’autant que, pour le coup, l’édition n’aide pas à rendre correctement cet aspect. Nous avons encore une fois droit à des planches couleurs, 8 en tout, en introduction de la première et de la dernière histoire et, même si elles ne sont pas les plus superbes que l’auteur nous ait offert jusqu’ici, ces peintures sont tout de même fort appréciables. Les histoires font la part belle aux liens qui unissent les hommes et la nature et la dernière d’entre elles est le point culminant de ce point de vue-ci puisque, pour la première fois depuis longtemps, les forces de la natures ont alloué à une humaine le rôle de gardien d’une montagne. Ce scénario, qui conclue sur deux chapitres la série, fait partie des plus poignants, à la fois poétique et profond, et convient magnifiquement bien comme final vu la thématique globale de Mushishi. A la dernière page, Ginko repart comme toujours sur la route, mais sans nous cette fois-ci ; souhaitons-lui encore de merveilleuses aventures.
