L'histoire :
Le monde a considérablement changé depuis que la Sorcière de Glace fait régner des températures glaciales de par le monde. Agni et sa sœur Luna vivent tous les deux dans un petit village isolé. Bénéficiant de capacités de régénération, ils se tranchent quotidiennement leurs bras afin d'offrir leur chair aux autres villageois affamés. Agni et Luna sont les deux seuls jeunes et, malgré leurs liens de sang, l'adolescente aimerait avoir un enfant... Le lendemain, alors qu'il est parti chasser, le jeune homme entend un avion passer qui se dirige vers le village. Fonçant sur place, il voit des individus armés et les villageois regroupés sur la place. Leur chef, Doma, annonce qu'ils ne sont pas présents pour faire des esclaves mais pour prendre des vivres afin de poursuivre la guerre. Un des soldats l'avertit alors qu'il n'y a que de la chair humaine à manger. Doma ordonne de partir sur le champ. Pour lui, le village n'existe plus. Il utilise sa capacité et envoie des flammes qui carbonisent tout jusqu'à ce que mort s'ensuive. Tous meurent, Luna elle aussi, son pouvoir n’étant pas assez puissant pour la sauver. Agni, quant à lui, lutte en permanence. Jour après jour, il va supporter un peu plus la douleur. Suffisamment pour se redresser et entamer sa quête de vengeance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encensé par les auteurs de One-Punch Man, Tatsuki Fujimoto a débuté sa carrière en 2014 au sein du Shônen Jump+. Lancée en 2016 sur le site de la revue japonaise pour son côté plus sombre et mature, la série Fire Punch est une expérience de lecture pour le moins déboussolante. Dès les premières pages, nous découvrons un monde méconnaissable depuis qu'une Sorcière de Glace a fait baisser de plusieurs dizaines de degrés la température sur Terre. Depuis, l'Humanité survit comme elle peut, avec en son sein des individus dotés de pouvoirs. Entre désespoir et survie permanente, le début de l'album impose une tonalité résolument dure. Le mangaka aime les contre-pieds narratifs et le prouve dès le départ avec son héros qui veut se faire trancher le bras. C'est violent et nous n'obtenons la justification de cet acte que peu de temps après. N'empêche, la tonalité est là. Provoquant régulièrement le lecteur en jouant sur ses sentiments et ses tabous, l'auteur va surprendre avec la fin brutale de son premier chapitre. Même si elle n'a pas l'intensité de celle du 13e tome de Berserk, la séquence où Agni va voir son monde changer rappellera celle où Guts perdit ses illusions. Cette quête de vengeance impitoyable s'appuie sur un graphisme épuré mais parfaitement évocateur. On regrettera le manque de détails ou de finitions de certaines planches ou cases, mais ce visuel un peu rude parfois va bien avec le récit. Fire Punch se joue en permanence de son lecteur et, si l'expérience de ce premier album est assez grisante, on n'omettra pas de voir si l'auteur densifie un peu sa trame et évite de laisser certains éléments tomber dans un oubli narratif, trop pressé qu'il puisse être, attiré à jouer sur du clinquant ou du choquant. À suivre.