L'histoire :
En dehors de la Mégalopole, le monde est devenu une vaste décharge inhabitable. C’est dans ce monde où l’espérance de vie est descendue à 35 ans et où d’étranges créatures appelées Ersatz apparaissent un peu partout en ville en tuant ou en enlevant des gens, que vit Misha, une jeune fille à l’empathie développée au point qu’elle lit et ressent les émotions de tous les gens autour d’elle. Pour ne pas devenir folle avec ce don qu’elle ne maîtrise pas, Misha vit seule à l’écart de ses semblables, et récupère dans les zones de décharges proches de vieilles pièces robotiques qu’elle répare. Grâce à son pouvoir, elle entend dans sa tête un appel depuis plusieurs semaines qui émane de la décharge. Elle finit par en trouver la source : Reborn, un robot morphing à la mémoire défectueuse qui erre au milieu des ordures. Pour la jeune fille, c’est son jour de chance : ce genre de merveille technologique n’est normalement accessible qu’aux riches et à la milice de la ville. Après quelques réparations, Misha lui fait prendre l’apparence de son meilleur ami qu’elle recherche depuis des années, Mickael, enlevé par un groupe d’Ersatz. Sur le chemin du retour, Misha et Reborn croisent la route de deux types louches, qui se transforment soudain pour les attaquer. C’est alors qu’une mystérieuse inconnue surgit pour leur venir en aide...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gagnante sélectionnée parmi les 400 participants du premier tremplin organisé par Ki-oon pour dénicher des auteurs français en 2015, Yami Shin sort avec Green Mechanic son premier manga professionnel. Mais la jeune femme a déjà 10 ans de dessin derrière elle, et cela se sent. Que les détracteurs systématiques des mangas européens remballent donc leurs arguments car on n’a le droit à aucun des défauts habituels chez les jeunes dessinateurs encore malhabiles : les silhouettes et le relief des personnages sont très bons, ainsi que les perspectives, les proportions des protagonistes par rapport aux décors, leur placement, le tramage... Aucune déception de ce côté-là donc, c’est même plutôt le contraire. Les planches sont bien construites, tant au niveau du découpage que des plans choisis, et les décors sont présents et fourmillent souvent de détails. Quant au scénario, même si le déroulement est classique, l’histoire est prenante et intrigante, et mélange de nombreux éléments, tout en se reposant sur un univers post-apocalyptique intéressant. On y suit Misha, une jeune fille douée d’une empathie extraordinaire qui lui permet de ressentir les émotions des gens qui l’entourent. Si ce don qu’elle ne maîtrise pas l’oblige plus ou moins à vivre loin de la foule, il va aussi lui permettre de trouver un robot errant, Reborn, avec qui elle va ensuite faire équipe. Ce dernier est un « robot-morphing », capable de prendre n’importe quelle apparence et dont l’intelligence artificielle le rend presque humain. Abandonné dans une décharge et avec sa mémoire défectueuse, Reborn semble recéler quelques mystères dont on n’en saura pas plus pour le moment. Dans ce monde où tous les humains se sont regroupés dans la Mégalopole, ville gigantesque entourée d’un désert recouvert d’ordures, comme le reste de la planète a priori, d’étranges créatures d’origine humaine sévissent également, les Ersatz. Celles-ci enlèvent régulièrement des gens qu’on ne revoit ensuite jamais, ou alors transformés eux-aussi, et certains perdent la tête et tuent ceux qui ont la malchance de croiser leur chemin. C’est en étant attaqués par deux de ces créatures que Misha et Reborn vont faire la rencontre de deux autres personnes dont le credo est d’aider les autres. Avec eux, Misha va peu à peu se resocialiser et décider de partir sérieusement à la recherche de son ami disparu, Mickael, enlevé 10 ans plus tôt lors d’une rafle d’Ersatz... Le scénario propose donc beaucoup de choses, plus encore que tout ce que l’on vient d’évoquer, ainsi qu’une galerie de personnages variés, et l’univers est enrichi de nombreux petits détails bien pensés. Bien sûr, tout n’est pas parfait : qu’il ne reste qu’une unique ville humaine est une façon un peu facile de ne pas se préoccuper du reste de la planète, Misha a réalisé un portrait adulte de son ami disparu alors qu’ils étaient enfants lorsqu’il s’est fait enlever, et surtout voir Misha réparer avec un simple tournevis un robot à l’intelligence artificielle supérieure et à la structure capable de synthétiser un faux corps humain dans la première scène est tout simplement ridicule, mais ce sont bien les seules choses qui dénotent vraiment dans ce premier opus. Arrivé à la fin de cette « introduction », on a indéniablement envie de connaître la suite. Au final, Green mechanic est donc une très bonne surprise dont on suivra l’évolution de près !