L'histoire :
En déjeunant au collège avec son amie Mitsue, Yurie lui annonce qu’elle est devenue une déesse mais que le problème est qu’elle ne sait pas de quoi. Entendant cela, leur camarade Matsuri dont la famille tient un temple shintô s’approche et décide de s’occuper d’elle à partir de ce jour. Afin de découvrir de quoi Yurie est devenue la déesse, les trois adolescentes montent sur le toit de l’école et Matsuri essaye diverses techniques pour que Yurie révèle ses pouvoirs, mais en vain. Au bout d’un moment, un coup de vent fait voler vers elles des feuilles calligraphiées : en fait, Ninomiya, l’unique membre du club de calligraphie, se trouve un cran au-dessus des filles, juste au-dessus de la porte menant au toit. Là, le garçon a installé clandestinement son atelier car il n’a plus le droit d’en avoir un dans le collège. Tandis qu’ils échangent quelques mots, Matsuri voit tout de suite que Yurie est amoureuse du jeune homme, mais ce dernier ne se rappelle même pas qu’elle est dans la même classe que lui ! Matsuri parle alors à Yurie d’une légende urbaine qui pourrait bien arranger son coup : si elle se déclare sur le toit de l’école un jour de grand vent, ce sera la naissance d’une belle histoire d’amour. Motivée, Yurie essaye à nouveau d’utiliser ses pouvoirs de déesse pour réaliser son vœu mais là encore, rien ne se passe. Pourtant le soir même, un typhon dont les nuages forment sa tête s’approche de la ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec pour héroïne une petite nunuche attendrissante et rafraîchissante, Kamichu ! (« La déesse collégienne ») est une œuvre à plusieurs niveaux de lecture, et différents types de lecteurs y trouveront donc leur compte : amateurs de mignonneries à la Yotsuba & ou Kamisama, ou amateurs de moe et d’un fan-service très léger allant de paire (peu étonnant pour un auteur qui donnera plus tard dans le hentaï avec son autre titre Shôjo material, non adapté en France à ce jour). Bref, voilà un manga qui pourrait bien plaire tant à la petite sœur qu’à son grand frère paternaliste. Et le trait aussi est à mi-chemin entre rondeur et réalisme fouillé, un style net et précis faisant penser aux graphismes de Genshiken (Kurokawa). Le tramage numérique est omniprésent et très soigné, avec de nombreux dégradés et motifs, et participe parfois activement aux décors (les nuages par exemple) mais sans jamais donner une impression de surcharge. Les décors sont suffisamment présents, la mise en scène est dynamique et le découpage est varié, avec de temps à autres quelques effets simples, les cadrages sont classiques (en même temps, ce n’est pas vraiment une série d’action) mais efficaces et participent à la bonne lisibilité, les personnages ont des visages variés et expressifs... Rien à redire graphiquement donc. L’histoire est en partie reprise d’après l’animé éponyme mais s’en éloigne rapidement pour présenter ensuite des aventures inédites. On reprochera seulement à cette édition française de pouvoir être un peu déconcertante pour certains, au-delà du synopsis en lui-même qu’il faut déjà accepter en tant que tel, du fait de nombreuses références culturelles que n’ont pas forcément les lecteurs d’ici (religion animiste shintô, pratiques des temples comme le tirage au sort de bâtonnet ou l’écriture des vœux sur des plaques...) ainsi qu’au niveau de l’adaptation graphique de certains textes traduits, comme la pierre « Entrée réservée » à la fin du chapitre 3 par exemple qui n’a pas du tout un rendu réaliste (par contre les calligraphies traduites bénéficient d’un effort visible au niveau du rendu « fait main »). Le scénario en lui-même a ceci de particulier qu’il doit être accepté par le lecteur sans vraiment chercher de logique : Yurie, une collégienne lambda, se réveille un matin et se rend compte qu’elle est devenue une déesse... oui mais de quoi ? Oubliez toutes les questions qui viennent immédiatement à l’esprit : comment, pourquoi, pourquoi elle, pourquoi les autres acceptent ça naturellement comme si ça pouvait arriver à n’importe communément... Si on fait l’effort de se plonger dedans en acceptant tout cela sans discuter, la lecture se montre alors divertissante, à la fois amusante et intrigante. Ce point de départ étrange n’est qu’une excuse, un contexte, pour mettre ensuite en avant diverses idées et aventures. A essayer, d’autant que la série ne dure que 2 volumes.