L'histoire :
Fin du XVIe siècle avant JC. Thoutmosis règne sur la Haute et la Basse Egypte. Marié à Ahmès, ils donnent naissance à un premier enfant, Hatchepsout. Après cette fille, d’autres enfants naitront, issus de Thoutmosis et d’Ahmès ou de sa seconde femme Moutnofret, dont Séthi, demi-frère de Hatchepsout. Quelques années plus tard, Thoutmosis décide de céder sa place à Séthi, et Hatchepsout doit le choisir comme époux afin de respecter la volonté de son père. Mais la jeune fille a grandi en se préparant à régner et n’accepte pas que sa condition de femme l’empêche d’acquérir le pouvoir qui devrait être légitimement le sien. Qui plus est, lorsqu’elle était plus jeune, elle battait régulièrement son demi-frère Séthi en duel, et elle ne s’entend plus avec ce dernier depuis longtemps, car elle le trouve arrogant et n’ayant pas hérité du noble esprit de son père. A cette époque, Thoutmosis changea d’attitude avec Hatchepsout et elle comprit alors que sa place ne serait que celle de reine et non de dirigeante. Maudissant son statut de femme, elle changea elle aussi à la mort de sa mère, en apprenant à devenir féminine aux yeux des autres. Mais la nuit du mariage avec Séthi, juste après le couronnement de ce dernier en tant que Thoutmosis II, Hatchepsout ne se laisse pas faire et repousse son époux à l’aide d’une lame : maintenant qu’elle a respecté la volonté de leur père concernant leur mariage, elle ne compte pas jouer le jeu au-delà des apparences. Tout en se coupant les cheveux, elle annonce donc à Thoutmosis II qu’il ne pourra jamais la toucher ! Mais ce dernier, loin de se contenter de la situation, décide alors de se choisir une seconde épouse. Pour conquérir le pouvoir qui aurait dû lui revenir, Hatchepsout va dès lors devoir apprendre à utiliser sa féminité comme une arme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la veine éditoriale et graphique des titres de Kaoru Mori chez le même éditeur (Emma, Bride stories) ou d’œuvres comme Cesare, Pline ou autres seinen dits historiques qu’on voit fleurir ces dernières années, Reine d’Egypte choisit de nous parler d’une période pratiquement jamais évoquée en manga jusqu’ici (à l’exception de Hatshepsout paru aux éditions Milan en 2010), celle de l’Egypte ancienne. Pour personnage principal, le récit met en avant Hatchepsout, première femme à avoir réellement dirigé malgré son statut, allant même jusqu’à obtenir le titre de Pharaon, traditionnellement réservé aux hommes. C’est fort bien dessiné et on plonge immédiatement dedans, le récit de la vie exceptionnelle de Hatchepsout et les intrigues de palais se montrant passionnantes. Par contre, il ne faudra pas trop se pencher sur la réalité historique, la mangaka s’autorisant de grandes libertés sur ce point. Il ne faudra pas non plus s’offusquer des incohérences. Ainsi, alors même que les premières pages nous parlent de Hatchepsout comme de la première née (ce qui est vrai), la suite présente Thoutmosis II comme son grand frère (ce qui ne l’est pas). Et au niveau réalité, les spécialistes de la question semblent s’entendre à dire que c’est le roi Thoutmosis lui-même qui aurait préparé la montée sur le trône de sa fille, alors qu’il est ici présenté comme un obstacle. Qui plus est, sans que l’on comprenne pourquoi, Hatchepsout est appelée Chepsout la plupart du temps... Là où la mangaka aurait pu se rattraper, c’était sur les bonus de fin qui proposent de décrypter un peu la vie et certaines traditions dans l’Egypte ancienne. Malheureusement, ces quelques pages parlent de beaucoup de petites choses sans jamais aller très loin dans les explications, et déçoivent finalement alors qu’il y avait matière à produire des pages avec une réelle valeur ajoutée. Dernier point négatif, le positionnement de la série comme le tout premier titre dans la collection kizuna à destination de tous les lecteurs (la présentation de l’éditeur dit même « Ces livres pourront passer sans risque de mains en mains au sein d’une même famille »), ce dont les nombreuses scènes de nu dans le harem ou le bain, de sexe, ou encore les prisonniers dévorés par des lions à grands renforts de giclées de sang et de tripes, nous font plus que sérieusement douter ! Nullement à destination des plus jeunes, ce titre est donc sans équivoque un seinen. Globalement, si l’on fait fi de ces points, Reine d’Egypte est un manga qui vaut largement le coup d’œil, se montre prenant dès les premiers instants et qui est très joliment mis en images. Venez donc découvrir le récit palpitant d’une des plus grandes femmes de l’Histoire !