L'histoire :
Maintenant que Katsumi l’a quittée, Manami déprime totalement et refuse même de s’alimenter. Le midi, lorsque Ayumu lui propose un panier repas, la jeune fille pique une crise et finit par jeter la nourriture à la poubelle. En rentrant chez elle, Ayumu croise sa sœur et sa mère qui finissent de se préparer avant de partir à une soirée où l’adolescente a été invitée. La télé est allumée et un reportage commence qui parle des jeunes ayant recours à l’automutilation et Ayumu se sent évidemment directement visée, découvrant ainsi qu’elle n’est pas la seule à avoir ce comportement. Mais sa mère, qualifiant ces jeunes de fous, éteint brusquement la télé avant de s’en aller, et cela blesse fortement Ayumu. Une fois seule, pour évacuer son mal-être, la lycéenne s’apprête alors à se couper à nouveau avec son cutter mais repense aux paroles de sa mère et se met à pleurer et à se mordre le bras. Puisqu’elle doit dîner seule, elle décide alors de sortir et se retrouve dans un restaurant aux décorations étranges. Là, elle a la surprise de voir que la serveuse n’est autre que Hatori, sa camarade taciturne et aux allures froides. Mais cette dernière devine tout de suite que le sourire sur le visage d’Ayumu n’est qu’un masque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention, la lecture de Life peut faire mal ou choquer ! Et cela prouve bien que l’auteur arrive à faire passer son message, ses émotions, et à rendre la lecture immersive. Loin d’être un shôjo à l’eau de rose, il s’agit ici d’une œuvre qui tend à montrer le mal de vivre existant chez les jeunes japonais (et les propos sont tout aussi valables ailleurs), les travers de certains comportements sociaux (brimades, mépris, ignorance volontaire, dédain, hypocrisie…), ainsi qu’à crier à la face des gens qui continuent à vouloir ignorer ou minimiser tout cela : « regardez, cela existe ! ». Dans la vraie vie, les gens au caractère trop entier ou trop sensibles peuvent parfois se faire broyer par ces comportements, et les autres ont tendance à ne pas y croire – ou à ne pas vouloir y croire. Par rapport au volume précédent, déjà bien sombre, ce second opus emmène la détresse de l’héroïne bien plus loin. En plus de son mal-être déjà bien avancé, cette dernière devient en effet la proie d’un maniaque sexuel qui va la faire chanter et l’obliger à se laisser torturer et prendre en photo dans des tenues et des positions honteuses. Comme si cela ne suffisait pas, son amitié avec Manami en est directement remise en question, ainsi que son intégration sociale au sein des filles de sa classe. Sa sœur et sa mère semblent centrées sur leurs propres soucis et ne voient rien de la détresse d’Ayumu. Pour cette jeune fille qui a besoin d’être aimée, la seule lumière semble venir de la mystérieuse Hatori, mais Ayumu n’est pas encore au stade où elle peut l’apercevoir. Le trait de l’auteur, très shôjo, tranche singulièrement avec l’ambiance sombre et adulte tout en illustrant à merveille le décalage qu’il peut y avoir entre la réalité et les apparences. Le style s’est amélioré depuis Vitamine (Panini) mais certains défauts ont tout de même la dent dure : le tramage n’est pas forcément des mieux choisis, les personnages secondaires se ressemblent pas mal et les décors sont souvent légers. Mais certains effets sont très réussis (et par des techniques assez simples en plus) et les personnages sont vraiment expressifs. Lire Life est une expérience difficile mais indispensable pour ouvrir les yeux sur un des aspects sombres de la société. A lire absolument !