L'histoire :
XIème siècle, dans le royaume franc, l’armée du seigneur Jabbathe attaque une ville située au bord d’un lac dont le seul accès est un pont aux alentours fortifiés. Sans autre stratégie que de tous foncer droit vers la porte, les attaquants se font massacrer par les archers et les arbalétriers tandis que les portes tiennent bon, même une fois le bélier dans la mêlée. Du haut de la colline attenant, des guerriers indépendants observent les mouvements de troupes avant qu’Askeladd, leur chef, décide de se ranger du côté des attaquants : il y aura plus d’argent à se faire en dépouillant les assiégés. Venant d’Europe du Nord, du Danemark plus précisément, ces hommes sont des normanni, des vikings qui parcourent les côtes à la recherche de richesses à ramener chez eux. Thorfinn est envoyé comme messager auprès des attaquants pour leur proposer leur aide. L’adolescent fait promettre à Askeladd de lui accorder un duel si jamais il ramène la tête d’un des chefs de guerre avant de partir délivrer son message. Tout d’abord méfiant, Jabbathe finit par accepter l’offre des normanni contre la moitié du butin : une fois la ville tombée, il pourra toujours se débarrasser de ces « sauvages du nord » en les trahissant. Le lendemain, à l’aube, Jabbathe va de nouveau lancer une offensive et compte sur la promesse des vikings d’attaquer par le lac, bien que cela paraisse impossible. L’assaut est donné : entendant cela, les troupes d’Askeladd s’élancent de la montagne où elles étaient cachées, portant leurs navires à bout de bras, ce que personne chez les attaquants ou les défendeurs ne pouvait imaginer ! Les navires sont maintenant à flot et les normanni s’élancent à l’attaque de la ville du côté où aucune fortification ni presque aucune troupe ne les attend et, voyant cela, les assiégés commencent à paniquer. De son côté, Thorfinn repère le chef des assiégés et s’élance du côté de la porte principale : faisant fi du pont et de la porte, il escalade les palissades à l’aide de ses poignards avant d’attaquer au corps à corps plusieurs hommes d’arme de manière fulgurante, puis de prendre la tête du commandant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on se sait en présence de la nouvelle série de l’auteur du magnifique Planètes, autant dire qu’on en attend beaucoup. Force est de constater que l’on n’est pas déçu ! Pour donner le ton de cette histoire de vikings, on la rapprochera d’œuvres comme Berserk, voire même Thorgal sur certains points, mais avec la touche particulière de Makoto Yukimura qui, déjà, amène à son récit quelques notes plus profondes. Jusqu’où aller pour l’honneur ou la vengeance ? Est-on toujours l’esclave de quelqu’un ou de quelque chose, quelque soit notre statut social, et quelle est la vraie liberté ?… Ainsi, Thorfinn est l’esclave de son désir de vengeance, son père était esclave de son passé, et le vil Gorm, bien que chef de village, est esclave de l’argent… Bref, loin d’être une simple épopée guerrière enchaînant les scènes d’action, Vinland Saga se pose d’ores et déjà comme plus profond et plus intéressant en alliant cela à des aspects sociaux, historiques, et une touche d’aventure exploratrice que l’on sent arriver pour bientôt. Un vrai mélange des genres, plutôt réussi il faut dire. Graphiquement, Planètes nous mettait déjà des étoiles plein les yeux, et Vinland Saga est l’occasion pour l’auteur de changer un peu de décor tout en nous faisant part de son savoir-faire. On a notamment le droit à de belles séquences d’aurores boréales, ou encore à des flocons dessinés au pinceau pour une vision réaliste de la neige dans le vent, à tel point qu’on se croirait en train de prendre une tempête en plein visage ! Le trait est réaliste (sauf pour le seigneur Jabbathe, qui est évidemment une parodie de Jabba le Hutt de Star Wars), détaillé, extrêmement tramé pour un effet très coloré mais jamais surchargé, une mise en page et un dynamisme au top, surtout lors des combats… Avec sa façon de créer un background au moindre personnage secondaire en ajoutant des petites scènes inutiles, certes, mais tellement vraies, l’auteur donne à son récit une ambiance des plus crédibles, d’autant qu’il s’est apparemment beaucoup documenté pour rendre de la meilleure manière la vie de l’époque. En bref, on attend la suite avec beaucoup d’impatience. A noter tout de même une erreur dans l’édition page 84 où l’on parle du 18ème siècle au lieu du 8ème.