L'histoire :
Manga BoyZ 1.1 est la seconde édition de la première version d’un jeu de rôle papier se basant sur un univers aux inspirations diverses et notamment la pop-culture japonaise. On retrouve cette dernière sous différentes formes, allant de l’exosquelette à inspiration Masamune Shirow (Appleseed) au monstre « bitopode » à tentacules sexuées bien connus des amateurs de séries à la Urotsukidôji, même si le rapport direct au manga n’est pas vraiment évident en général. Le background met en place un futur proche où des extra-terrestres ont (plus ou moins) pris le contrôle de la planète après une « guerre » écrasante (et surtout à sens unique !) où certaines parties du monde ont tout simplement été dévastées. Pourtant, après une première vague de destruction massive, les attaques se sont arrêtées et, après quelques temps, les vaisseaux ennemis ont même commencé à distribuer des vivres aux survivants. Mais cela n’est pas foncièrement altruiste : ces rations contiennent une boisson appelée la Drine et cette dernière contient une substance qui permet à l’envahisseur de prendre le contrôle de ceux qui l’ont consommée en influant via des émetteurs sur les ondes alpha du cerveau. Ainsi, une très grosse partie de la population sur le point de mourir de faim s’est jetée sur ces rations providentielles sans se poser de question, ce qui a permis à l’envahisseur d’installer sa domination sur notre planète sans trop de problème. Mais ce qu’« ils » ignorent, c’est que chez une poignée d’humains, la Drine ne fonctionne pas et qu’elle développe même au contraire certaines aptitudes spéciales. On appelle ces nouveaux héros les sauveurs de l’humanité, et l’OTAN, qui organise la résistance, fait très souvent appel à ce genre d’individus. Parmi eux, les joueurs peuvent incarner un(e) manga boy/girl venant d’Asie et se battant à l’aide d’un exosquelette de combat, un(e) Québec Killeur/euse du Canada armé(e) d’une tronçonneuse, un Diable Rouge franco-belge spécialiste en attaque/lancé à distance (ambiance « Je vise comme Zidane ! Vive le foot ! »), un(e) Picte de ce qu’il reste du Royaume-Uni et professionnel du camouflage, de l’évasion (« filer à l’anglaise », ça vous dit quelque chose ?) et du fusil à lunette, un(e) Panzer Kid/Frau venu d’Allemagne en Panzer (si, si !), ou bien un(e) Yankee des USA équipé d’un semi-remorque et de deux armes de poing…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Manga BoyZ est un jeu de rôle aux règles très simplifiées, sympathique pour une initiation au monde du JDR, mais peut-être justement trop simpliste pour les habitués. En fait, le public visé semble être les joueurs jeunes et inexpérimentés, amateurs de la pop-culture japonaise, ainsi que des joueurs expérimentés et qui voudraient se taper un délire dans ce genre d’univers sans se prendre la tête. Mais ces derniers seront déçus par la mise en avant trompeuse du terme « manga » et se lasseront rapidement au vu de la trop grande simplicité du jeu et du manque d’étoffe du background (qui, par ailleurs, est sinon plutôt bien trouvé, surtout concernant la partie non racontée dans le résumé ci-dessus et détaillée dans le chapitre réservé aux futurs maîtres de jeu). Au vu des classes de personnages proposées, on comprend que l’univers en lui-même est un peu parodique (on espère que c’est l’effet recherché en tout cas) et ces personnages sont donc forcément très stéréotypés. L’utilisation de la boisson extraterrestre pour justifier l’obtention chez certaines personnes de capacités hors du commun est plutôt bien trouvée, mais l’effet est poussé un peu loin lorsque l’on apprend que cela permet également de comprendre toutes les langues (même si c’est justifié par une explication presque plausible). Ce genre de don fait perdre de potentielles subtilités scénaristiques au maître de jeu, qui n’aura plus par exemple à s’embarrasser de faire accompagner ses équipes par des interprètes, etc. Ce livre de base possède également quelques défauts : le chapitre sur les armes et équipements est très léger et assez peu réaliste (mais c’est apparemment assumé, toujours dans l’optique de ne pas se prendre la tête), la partie présentant les différents types de méchants et d’humains arbore de nombreux sigles sans légende ni glossaire (!), il y a certains manques comme l’explication de ce qu’implique la surprise dans un combat par exemple, la fiche de personnage proposée est basique et finalement assez peu optimisée pour du jeu à long terme, et il y a aussi quelques fautes d’orthographes… Par contre, les dernières pages fournissent des idées de scénarios ainsi qu’une histoire complète et prête à être jouée. Au final, le livre en lui-même est un peu mal conçu (il faut l’avoir presque lu entièrement avant de comprendre, et donc de relire, certaines parties présentes au début) et un peu cher : à ce prix là, on s’attendait à plus d’illustrations ainsi qu’un peu de couleurs ou bien alors à un plus grand nombre de pages, surtout vu la grande taille de police utilisée. Mais le background, bien que léger, est bien trouvé et l’ambiance amusante grâce au second degré présent. Du fun pour les plus jeunes ou un rapide délire pour les autres, mais dont la durée de vie risque d’être assez faible, et le tout desservi par la tentative d’adapter cet univers à la sauce « manga », aspect qui d’ailleurs, ne ressort pas vraiment (ça aurait tout aussi bien pu s’appeler « Comics BoyZ »).