L'histoire :
Maintenant que le Juge Bao a mis fin au joug des nobles sur la province de He Zong, il tente de redresser la région en la sortant de la famine et de la misère. Pour cela, il met au point avec ses collaborateurs locaux des règles pour faire monter le prix auquel les paysans vendent leurs récoltes, mais il y a plein d’aspects différents à envisager et rien n’est simple. Qui plus est, d’autres problèmes vont venir compliquer les choses. En effet, des témoignages s’accumulent concernant des enlèvements contre rançon, dont les otages ne sont jamais rendus. Comme la princesse Xi veut participer à la résolution cette nouvelle affaire, le juge Bao la charge de s’en occuper sous les ordres de son officier Zhan Zhao. En parallèle, Peng, qui assistait le juge, vient lui annoncer qu’il doit arrêter de s’occuper des travaux qu’il lui a confiés : sa femme a disparu, apparemment partie avec un riche marchand, et Peng n’a plus de quoi payer sa logeuse. Il doit aussi continuer à s’occuper de son fils en bas âge qu’il ne peut laisser seul toute la journée... Mais le juge Bao croit que Peng a un grand avenir devant lui et ne veut pas le laisser partir. Il charge donc Bao Xing de s’occuper de l’enfant, une mission qui va faire évoluer le jeune page du juge... Peng ne le sait pas, mais sa femme a été trompée et vendue à un riche marchand qui lui a fait croire que son mari l’avait abandonnée, cette affaire ayant des liens directs avec celle des enlèvements. Quant au juge Bao, il découvrira bientôt que des riches de la province n’ont pas envie que leurs marges baissent et que les paysans sortent de la misère. Ils vont donc tout faire pour le discréditer aux yeux des paysans...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un an à peine après le troisième volet, voilà déjà que la suite nous est offerte par les éditions Fei - un rythme de parution élevé quand on voit le nombre de pages (150 demi-planches !) et la qualité poussée des dessins. Et cela d’autant plus que le chinois Chongrui Nie est de plus en plus à l’aise quant à la partition graphique : maîtrisant mieux son outil informatique qu’au début de la série, il nous offre des planches visiblement plus travaillées où il y a moins de maladresses et moins de vides. Petit à petit, on sent aussi que l’aspect très figé des visages s’estompe doucement, et en tout cas que les expressions sont plus en phase avec ce qu’il se passe, alors que c’étaient là des reproches que l’on pouvait faire au dessinateur auparavant, même si ce point s’était déjà amélioré dans le tome 3. Certes, ce n’est pas parfait, et la raideur est encore souvent constatée dans les mouvements. Côté scénario, l’histoire reprend à la suite directe du volume précédent mais peut se lire indépendamment sans réel problème. Si on retrouve évidemment le juge Bao au centre des événements, c’est néanmoins un tome qui s’articule presque exclusivement autour des personnages secondaires, un peu comme le faisait le second volet. Le jeune page Bao Xing, l’assistant Peng ou même les protagonistes malfaisants sont ainsi beaucoup plus mis en avant que d’habitude, tandis que la princesse Xi devient carrément dans cet opus un personnage à part entière du groupe du juge Bao. D’ailleurs, la jeune femme est tout simplement au premier plan dans une grande partie du volume, remplaçant souvent Zhan Zhao dans les passages où il y a de l’action. Ces deux-là nous offrent aussi un jeu du chat et de la souris amoureux qui apporte un petit plus sympathique au récit. Les différentes enquêtes mélangées et les problèmes économiques dont parle le récit sont intéressants et ne décevront pas les habitués de la série. Mais tout n’est pas rose car, en laissant trop la place à ses collaborateurs, le juge Bao brille par son absence. Pire que cela, les différentes intrigues se résolvent un peu d’elles-mêmes sans que le juge ne fasse grand-chose : les méchants s’entre-tuent, les problèmes de Peng se résolvent « par hasard », etc. De ce point de vue, les amateurs de l’aspect enquête de l’histoire resteront donc largement sur leur faim. Un volet avec des hauts et des bas donc, mais qui reste tout de même suffisamment qualitatif et suffisamment différent pour sortir son épingle du jeu au milieu de la production BD actuelle.
