L'histoire :
La chambre de Kairi ressemble à beaucoup de celles des jeunes filles de son âge : un bureau monté d’un ordinateur pour travailler, un lit défait, un poster d’horizon, une table de nuit et des photos. Une d’elle et ses parents, avec sa meilleur amie ou encore celle de son petit copain. Avec son père, les relations sont devenues difficiles, ce dernier refusant que sa fille fréquente un gaïjin. Ce soir, sur une parole malheureuse, la claque part, franche et méchante, poussant Kairi à quitter la maison sans céder aux mots d’apaisement de sa mère. A l’anniversaire de Shin, « son » gaïjin, Kairi retrouve alors son aimé et ses amis qui lui font oublier l’humiliation passée. Les jeunes gens rient, chantent, se racontent leur vie et aventures pour finalement se séparer seul(s) ou accompagné(s). Pour Kairi, il est inconcevable de rentrer cette nuit à la maison. Cette nuit, elle dormira chez Shin et leurs corps, trempés par une averse soudaine, se réchaufferont tendrement, tout en douceur. Prise par ce désir amoureux plein, toute offerte à son compagnon attentionné, Kairi en oublie jusqu’à son téléphone qui sonne comme pour la rappeler à l’ordre. Car en effet, après une nuit de bonheur véritable, un terrible message attend la jeune fille à son réveil : ses parents avec qui elle est restée en froid sont à l’hôpital, percutés de plein fouet en voiture en allant la chercher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’une des plus-values essentielles des titres prépubliés dans ShogunMag demeure le « making-of » qui conclue ces premières éditions « intégrales ». Ainsi, vous saurez tout (ou presque) du synopsis de ce tome introductif à Kairi, une excellente surprise, d’une grande sensibilité tant narrative que graphique. Au moyen d’un dessin doux, épuré, encore peut-être un peu jeune mais assurément d’une qualité indéniable, l’émotion affleure page après page. La série se présente d’emblée comme une plongée vertigineuse au cœur d’une société choisie à dessein japonaise, fascinante et terrible (!), pour les thématiques sociétales à développer. La solitude de l’adolescence, ce sentiment de détresse renforcé par le poids d’une culpabilité écrasante, l’héroïne imaginée par Audrey Diallo en souffre intensément. Se sentir responsable de la mort de ses parents, subir l’opprobre de son entourage, perdre son unique amour, voilà bien des raisons qui peuvent pousser au suicide. Et alors que Kairi chancelle, on vacille avec elle, tant l’auteur (épaulée par Janina Görrissen) parvient à nous associer à sa douleur. L’amour décrit n’est pas de ces amourettes que l’on oublie trop vite mais il est de ceux qui vous broie l’estomac, vous le tord au point de croire mourir (!) et emplie vos yeux de larmes… Bref, si le titre est classé shojo s’adressant de prime abord, car de tonalité romantique, à un public féminin, il ne laissera de marbre personne et est, en vérité, à conseiller à tous. Certes, ce drame réaliste n’est pas fendare mais une telle émotion est rare et prometteuse : à découvrir.