L'histoire :
Octobre 1957, bassin du Levant en mer de Méditerranée. A bord du Youbrenin, sous-marin soviétique de classe Foxtrot, le marin Privitch est pris de folie. Alors que ses compagnons tentent de le maîtriser, sa raison semble l’avoir définitivement quitté. En rêve, il ressasse le même cauchemar : seul, abandonné de tous, meurtrier en puissance. Anton Privitch était pourtant quelqu’un sain de corps et d’esprit. Marié et père d’un enfant, presque d’un second mort né, à la suite de cette fausse couche, sa femme l’a quitté. Accablé, il s’est alors cisaillé le doigt pour ôter le poids de cette alliance déçue. De surcroît, son fils Gorïan ne lui adresse plus la parole. Engagé volontaire pour une simple mission de reconnaissance au large du Proche Orient, le voici contraint de sauver l’équipage. Du moins, en est-il convaincu. Car la conviction qui l’habite est que pour sauver ses compagnons du naufrage, il lui faut les tuer, leur offrir la mort tout simplement. C’est ainsi à coups de barre de métal et grenade à la main que, les trépanant un par un, Privitch parvient jusqu’à la cabine du commandant. Il souhaite être écouté, compris, entouré. Mais l’engin dégoupillé qu’il serrait fort, lui échappe provoquant l’implosion du navire, échoué aux portes d’un inquiétant sanctuaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est à un véritable challenge que S. Betbeder et R. Crosa se sont attelés. Un pari risqué, car reprendre un titre aussi fameux que l’horrifique Sanctuaire (signé X. Dorison et C. Bec) en l’adaptant au format manga, n’a rien de gagné. Du moins n’avait. Parce qu’à la lecture de ce premier opus, force est de constater que notre duo d’auteurs réussit intelligemment à s’approprier l’histoire, à la recomposer et à la proposer sous un nouveau jour. L’idée semble de développer les facettes « négligées » (car hors propos en trois tomes) du drame, d’explorer plus en amont (et sans doute en aval) son environnement général. L’angle d’approche est donc plus large, le public ciblé change aussi (plus jeune, car plus manga). Au final, l’accent est mis sur les personnages, leurs backgrounds, afin d’affiner une introspection psychologique plus poussée. C’est ainsi qu’en connaissant mieux les protagonistes de la tragédie, le lecteur plonge au cœur de cette descente aux enfers que demeure Sanctuaire reminded. Profanations marie humour et angoisse en amont d’une folie meurtrière que l’on sait imminente. Pour en savoir plus sur la genèse de cette histoire devenue série, l’album propose une interview éclairante du quatuor Betbeder/Crosa/Dorison/Bec. Et pour tous ceux qui ne souhaitent pas attendre la parution du prochain volume, sachez que la série est prépubliée dans l’excellent ShogunMag !