L'histoire :
A la lumière de torches, sept ombres avancent en enfilade. Parcourant les entrailles d’un mausolée, elles parviennent à la chambre funéraire où trône un sarcophage de verre. Les silhouettes, réunies autour du corps magnifiquement conservé de la défunte, entament une mystérieuse cérémonie. Chacune à son tour s’agenouille et prête serment de venger leur mère. Sept filles pour une vengeance : bientôt le monde tombera dans le chaos. Promesse est aussi faite de ne jamais aimer un homme, puis elles se retirent… A l’été 1942, sur une des nombreuses îles du Pacifique sud, un soldat américain rend l’âme devant deux militaires ennemis. Il délire à propos d’une certaine Zéphyrus aux charmes de laquelle il serait impossible de résister. Brandissant une photo, ses ultimes paroles sont pour la belle qui l’a envoûté. Il est vrai que le visage rayonnant obsède et, rapidement, les deux japonais ne pensent plus aussi qu’à la retrouver. Se mettant en quête de la déesse, ils finissent par entendre le témoignage saisissant d’un survivant dont l’escadre fut, nuit après nuit, asservie aux désirs de la diva qui jamais ne rendait son amant d’un soir ! Etrange histoire. Sans fin puisque la guerre vint se rappeler au bon souvenir des combattants… Des années plus tard, l’ex-officier Adachigahara est devenu le président d’un puissant conglomérat, alors que son collègue Saki vit dans la misère. Quand une rumeur veut qu’une certaine Zéphyrus soit de passage dans l’archipel, le magnat demande l’aide du fils de son ancien subordonné pour enquêter : un empoté de première, porté sur la bouteille, insensible aux femmes et doté d’une force surhumaine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un diptyque qui ne paye pas de mine. Publié au format poche de la naissante collection Kankô, Avaler la Terre est pourtant un petit bijou comme sait si bien les faire Osamu Tezuka. En quelques 500 planches dessinées de manière très efficace et lisible (parfaitement adaptées au format), le maître japonais livre une œuvre qui se dévore en effet d’une traite (ou presque) tant l’histoire passionne. D’une simplicité narrative déconcertante, tout juste entrecoupée de quelques flashbacks, le récit monte progressivement en puissance introduisant les personnages un à un, s’en séparant si nécessaire. Les thèmes sont bateaux : une vengeance, l’amour, l’argent, la dépendance, la guerre, etc… Et cependant la réflexion est au finale réelle et quasi biblique, diluvienne. Surtout, le plaisir ressenti à la lecture vous laissera un goût de pas assez, une fois la dernière page tournée. Un anti-héros grossier ô combien sympathique, une belle à nulle autre pareille : votre Kankô en poche (pratique lors des déplacements en transport en commun !), leurs aventures romancées vous garantissent un max de sourires. Cerise sur le gâteau pour nous petits Français, la fameuse Zéphyrus affiche des origines hexagonales : un hommage à votre beauté, mesdames… et une chance pour nous, messieurs !