L'histoire :
Voilà maintenant plusieurs semaines que Genzô Osone est parti pour les Etats-Unis et voici enfin que parviennent les premières nouvelles de son voyage. Le jeune homme est à présent à New-York et espère rencontrer bientôt la célèbre Helen Keller qui, malgré un triple handicap (aveugle, sourde et muette), est parvenu à se faire une place dans la société. Cette perspective enthousiasme Genzô et peut-être plus encore Kiyoshi Takahashi qui, resté au Japon, doit affronter seul le succès croissant et exclusif de la méthode oraliste. Invité à l’inauguration de l’école oraliste pour sourds de Shiga, il y a rencontré M. Nishikawa. Il y a en outre expliqué son point de vue, réaffirmant contre tous son attachement à la langue des signes, la seule qui soit accessible à l’ensemble des sourds (et non au seul tiers susceptible d’apprendre à lire sur les lèvres et parler intelligiblement). Plus prosaïquement, l’enseignant hésite aussi à se marier. Il lui a été proposé la main d’une jeune veuve et mère célibataire, dénommée Shûko Ota. Mais il ne sait quoi faire. En sus de ses doutes quant à sa capacité à être un bon père et un bon mari, Kiyoshi appréhende la tenue prochaine du congrès de Milan pendant lequel la langue des signes pourrait être condamnée et interdite dans toutes les écoles du pays…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce quatrième tome venant clore la série, une fois n’est coutume, commençons par sa fin. Figure en postface une lettre signée Yoriko Kawabuchi, auteur de romans qui ont inspiré la série et, surtout, fille du héros enseignant dont nous suivons la vie depuis les débuts. En cette lettre, elle y exprime notamment sa surprise et sa joie de voir adapter avec tant de talent l’histoire de son père adoptif. Le sujet choisi par Osamu Yamamoto était en effet ardu, et pourtant il conclut en apothéose une œuvre rare en bande dessinée. Graphiquement, il a fait du chemin et la narration pleinement maîtrisée lui épargne des traits superflus pour toucher l’émotion au plus juste. La gestuelle et le découpage des scènes et faits entrecoupés coulent d’eux-mêmes. On y apprend encore et toujours, avec cette fois la dactylologie (technique signant l’alphabet sur la paume et avec les doigts). Se retournant, le lecteur remarquera qu’il a visité près d’un siècle d’Histoire. D’une histoire passionnante et essentielle, pourtant marginale, « très » méconnue au mieux. Terminons sur la beauté du titre mêlant poésie et musique. L’Orchestre des doigts, il en a été question chaque fois, souvent menacé mais en définitive triomphant : magistral.