L'histoire :
L’île était à présent couverte de bambous nains, phénomène providentiel pour Satoru obligé de subvenir aux besoins de deux, l’état de sa compagne allant de mal en pis. Akiko basculait en effet progressivement dans une folie sérieuse. La jeune femme s’échinait à « poster » des lettres à Toshio, son ex-petit ami (jamais revu), et espérait ainsi chaque jour recevoir de ses nouvelles. Satoru ne savait que faire et, complice, il se chargeait de « poster » les missives. Afin d’entretenir l’illusion de sa précieuse amie et préserver ce qui lui restait encore d’équilibre mental, il alla jusqu’à construire une boîte aux lettres qu’il relevait lui-même après le passage d’Akiko. Il lui fallait alors répondre à ces courriers du mieux qu’il le pouvait. Tout cela le chagrinait profondément. Cependant, il lui semblait désormais inconcevable d’avoir à vivre seul ; il était prêt à tout pour garder la jeune femme auprès de lui… Un jour qu’il parcourait l’île, sac à dos et carte (enfin terminée) en main, Satoru fit une horrible découverte : les rats s’étaient multipliés à l’infini ! Ces satanés rongeurs grouillaient et dévoraient tout sur leur passage, menaçant toute forme de vie. Pourtant, ils allaient s’avérer utiles lorsque leur fuite alerta d’un danger encore plus grand : le tsunami…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième tome est sans doute le meilleur paru à ce jour, en français, de la série. S’il concluait une trilogie, il le ferait de belle manière. Mais voilà, pour plus de bonheur et poursuivre sur cette bonne note, il semble pour le Survivant que cette nouvelle aventure soit un nouveau départ et non un heureux dénouement comme il y aspire. D’entrée, nous retrouvons Satoru contraint de subvenir aux besoins de deux au regard de la « folie » relative et de la faiblesse physique de sa compagne. Une situation précaire tant les difficultés s’amoncellent : rats pullulant, terre en colère, etc… Takao Saito n’hésite pas rapidement à sacrifier des pans entiers de son univers insulaire, remettant tout en question, afin de rebondir ailleurs et renouveler ainsi le décor. Il est vrai que dans une bande dessinée qui se veut didactique, peut-être l’auteur avait-il fait le tour des pérégrinations d’intérêt du petit paradis (comme pourrait l’indiquer le premier plan schématique de l’île, p.28). Changement de décor donc, changement et retour à une « civilisation » que l’on croyait noyée, perdue ! La déception sera à hauteur de l’espérance, l’inhospitalité pire encore. Le personnage gagne en profondeur, en épaisseur, même si ses mésaventures paraissent souvent prétextes à d’énièmes digressions (pertinentes cependant, ex.p.30 tout ce qu’il avait appris à l’école se révélait dans la présente situation inutile…) sur les techniques de survie. Soulignons en conclusion qu’en raison du format les notes explicatives sont malheureusement reléguées en fin d’ouvrage, un format de poche en revanche particulièrement adapté à une série qui ne brille pas tant par un dessin honnête (efficace, égal) que par un scénario original et intelligent dans son développement.