L'histoire :
Dans la ville de Shirô et Kôjirô, chaque chapitre est une nouvelle enquête qui sort de l’ordinaire :
- Fleurs insaisissables : Shirô a fabriqué un parapluie - et sa tenue associée - à l’aide de pétales de fleurs géants, mais le petit cousin de Kôjirô, encore bébé, l’a abimé, aussi le jeune homme décide-t-il de se rendre au parc floral du village voisin. Mais Kôjirô le prévient : l’endroit est connu pour ses phénomènes surnaturels. Les propriétaires sont deux superbes sœurs jumelles dont on parle dans une chanson populaire et ce sont elles qui accueillent immédiatement Shirô à son entrée, mais le jeune homme trouve leur comportement suspect...
- Diable d’airain : le « dieu d’airain » que vénère un vieux sculpteur célèbre a rendu son verdict, transmis par le prêtre : la fille du sculpteur sera bientôt dévorée par un démon de bronze. Le lieutenant Kôjirô est donc envoyé pour la protéger et va découvrir une étrange demeure où tous, résidents et serviteurs, semblent avoir quelque chose à cacher. Cela a-t-il un rapport avec les cris et les bruits bizarres entendus dans une mystérieuse pièce ? Et quelle est cette créature au visage monstrueux que Kôjirô n’aperçoit que furtivement ?
- Une brèche dans les souvenirs : en plein milieu d’un jardin botanique de la ville, le corps d’une jeune fille est retrouvé debout dans une mise en scène macabre, empaillé et parfaitement conservé. A ses pieds, un mot du tueur : « mes travaux ne font que commencer ». Une fois sur les lieux, la police découvre un second cadavre non loin, tandis que Kôjirô se rend compte qu’on lui a glissé un mot à la ceinture sans qu’il ne s’en aperçoive. Cela le prévient que Rokkuchi, un taxidermiste de génie, séjournerait en ce moment dans « la maison empaillée », c’est-à-dire la demeure d’un couple d’empailleurs de la ville dont la collection est plus qu’impressionnante...
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Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adekan fait partie de cette nouvelle vague de mangas à la croisée des genres. Présentant des graphismes très soignés, féminins mais sans être trop fins, et une histoire adulte emprunte de poésie étrange, de crimes et autres atrocités à réserver aux âmes les moins sensibles (sans pour autant tomber dans le gore), le premier tome nous avait déjà enthousiasmés par son mélange réussi. A mi-chemin des titres pour femmes et de ceux pour hommes donc, le manga est en plus doté de héros à la forte personnalité (l’un très viril et l’autre totalement androgyne) et souvent dénudés, rappelant dans ces moments-là les codes du boy’s love. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’un seinen - multi-public certes. Ce second opus, malgré le fait qu’il laisse le fil rouge de l’histoire un peu de côté et se concentre sur des enquêtes « classiques » (du point de vue de la série, s’entend), fait encore mieux que son prédécesseur sur bien des points. Maintenant que l’univers et les personnages sont installés, on peut en effet profiter pleinement des scénarios proposés et entrer de plain-pied dans l’ambiance que construit la mangaka. Graphiquement, le premier volet envoyait déjà du lourd, mais celui-ci nous explose carrément les mirettes ! Plus spécialement, la dernière enquête de ce volume monte encore d’un cran le niveau des dessins qui passent d’impressionnants à carrément époustouflants. Le scénario met alors en scène des taxidermistes, ce qui donne l’occasion à l’auteur de nous offrir des planches extrêmement travaillées et emplies de nombreux animaux en tous genres. Plusieurs des cases ressemblent même à des tableaux surréalistes de Salvador Dali et nous gardent scotchés à la planche un bon moment. La mise en page est quant à elle tout simplement la plus intéressante qu’on a pu voir depuis bien longtemps. L’humour aussi se développe de plus en plus et l’auteur dévoile toujours plus son côté déjanté, tout en continuant de s’amuser en plaçant des scènes boy’s love pour mieux parodier le style, faisant plaisir à ces demoiselles tout en faisant rire ces messieurs. Alors certes, quelquefois la narration pêche encore un peu et certaines des intrigues se résolvent un peu trop vite ou trop facilement, mais cela n’entame qu’à peine le plaisir de lecture. Confirmant à la série son statut hors norme et d’un nouveau genre, à l’univers très particulier tant graphiquement que scénaristiquement, ce second album mérite une place de choix dans votre mangathèque pour peu que vous appréciiez les histoires décalées et les dessins époustouflants.