L'histoire :
A peine la feuille blanche de l’hiver passée, que déjà le printemps arrive à grands pas. Des teintes printanières colorées vertes et lilas. Sur le chemin de terre qui mène au village, un vieil homme creuse un sillon, lorsque deux amis le croisent et l’interpellent : pourquoi délaisse-t-il ses champs ? N’y a-t-il déjà pas assez de fleurs dans les campagnes ? Pourquoi semer des roses trémières ? C’était les roses préférées de sa mère. Si l’homme les plante dès à présent, la semaine prochaine quand viendra sa fille, elle pourra les contempler. Elle doit les aimer, elle aussi. Et ainsi, depuis l’entrée du village jusqu’à la maison de son père, elle aura le sentiment de cheminer aux cotés de sa mère. Vivement que les roses fleurissent. Pour un père, il n’existe pas d’invité plus important que sa propre fille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le village de Yahwari n’existe sur aucune carte. Le coréen Kim Dong Hwa l’a brodée patiemment avec toute la sagesse de l’expérience que lui donne son âge. Né en 1950, il avait 56 ans au moment de la réalisation de l'album, 70 ans à l'heure de cette réédition en 2022. Ce n’est pas si vieux et pourtant… A la lecture de cet album, on éprouve un tel sentiment de plénitude ! Une rare qualité d’écriture supportée par un graphisme simple mais soigné. Le rythme narratif de ces 32 courtes histoires est un rythme saisonnier, au tempo duquel il faut prendre le temps de se poser, être à l’écoute et contempler. Surtout ne pas oublier d’humer ce délicat parfum emprunt de nostalgie qui transpire d’une humanité trop vite coupée de ses racines. L’impression d’une société déracinée dont les deux hémisphères (urbain et rural) complémentaires, éprouvent bien du mal à communiquer. Cependant, nulle aigreur ne transparaît. La bicyclette rouge du facteur en tournée, loin de dépareiller, crée autant qu’elle souligne la vitalité du lien humain. Une vie de plaisirs simples et quotidiens. La teinte dominante (tout du moins éclatante) est celle du vert, couleur de l’espoir dont aime à se parer mère Nature. De surcroît, la poésie du texte original est scrupuleusement respectée et expliquée si le besoin s’en fait sentir. Une édition de qualité, un très bel objet. La douceur intemporelle du propos. Point besoin d’être initié pour savourer ce manhwa, même si certaines références culturelles peuvent échapper.