L'histoire :
Terrence, Savane et Sabba doivent affronter un personnage puissant de Dreamland : le contrôleur du feu Neil. Dans la réalité, Neil est le professeur de philo de Terrence ! Quant à Eve, elle fait son apparition dans le monde des rêves et rejoint la petite équipe de voyageurs de Savane, tandis que Lydia cherche un stratagème pour aborder Terrence... La défunte mère de ce dernier aura même un rôle à jouer et son évocation va pousser Terrence à accomplir une nouvelle quête : aller dans le monde des âmes disparues, Edenia !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette fois, Reno Lemaire accélère nettement le rythme de sa série et offre un tome riche et diablement stimulant. Toutes les qualités de la série sont présentes dans cet opus et la narration devient totalement trépidante, savant mélange de passages méditatifs et de moments d’action pure. Ce troisième volet est ainsi une superbe peinture de l’adolescence et de ses (pré)occupations : on voit Lydia et Eve, totalement absorbées par des activités de leur âge et Reno décrit le tout avec une finesse rare. Loin de se moquer de ses personnages et de la futilité de leurs angoisses, il porte un regard attendri sur cette génération sms, msn et strings visibles : Eve se retrouve ainsi sous le feu des projecteurs et l’on découvre, derrière la carapace d’une fille fière de sa beauté et pleine d’arrogance, une vraie fragilité. Par ailleurs, le lecteur reçoit quelques clefs essentielles sur l’énigmatique univers de Dreamland et l’auteur explique avec précision les différentes séparations des mondes et des pouvoirs de chaque voyageur. Le dessin est fluide et très dynamique. La douceur des traits sur les gros plans des visages renforce la sensibilité des personnages. Reno prend du plaisir, en donne également, et se plaît à multiplier les scènes burlesques avec des personnages décalés comme le loser Sabba, totalement gauche et préoccupé par la drogue et la défonce, et bien sûr Terrence, toujours aussi naïf et dernier de la classe. Le tome 3 est donc un véritable bonheur : on y trouvera, délicatement distillé, de l’humour, de l’action, de la sensibilité et de l’émotion. Il réserve aussi une bonne dose de surprises et d’explications didactiques sur le monde des rêves. Bref, tout y est, et qui plus est exécuté avec une maestria impressionnante. Délectable ! A noter que Reno rajoute à cet opus, déjà très dense, une mini histoire (intitulée Saska) qu’il avait exécutée en parallèle de la série pour l’éditeur japonais Kodansha. Là encore, le personnage principal est une fille et cette histoire courte montre le talent du dessinateur/scénariste qui n’a pas son pareil pour mettre en scène d’impressionnants combats tout en magnifiant l’âme des combattants.