L'histoire :
Sasayama discute avec Tenma des récents événements ayant conduit à la mort de son ami Kitô lorsqu’il aperçoit Machi et l’interpelle. Mais la jeune femme lui rétorque que « Machi » n’est plus de ce monde et qu’elle s’appelle désormais Wakana ! Sasayama refuse d’admettre cela aussi facilement et, malgré le refus de la jeune femme d’en dire plus, l’inspecteur enquête jusqu’à découvrir que Machi s’était rendue compte d’elle-même qu’elle souffrait elle aussi de troubles dissociatifs de la personnalité. Tout s’explique : après tout, changer de personnalité aussi radicalement est presque devenu monnaie courante chez les relations de l’inspecteur, mais il n’empêche que la liste des personnes qui enquêtaient sur la société Gakuso et tout ce qui tourne autour se réduit de jour en jour et que Sasayama ne sait plus quoi faire tout seul dans son coin… De son côté, l’inspecteur Inuhiko se voit dévoiler une horrible vérité sur sa petite amie : apparemment, cette dernière s’est servie de lui pour mener des recherches génétiques à but eugénique qui ont conduit à l’affaire de la secte des « anges », ces personnes aux omoplates difformes dont la forme rappelle des ailes et dont les cadavres pleuvent ces derniers jours. Inuhiko refuse de croire l’homme qui lui raconte tout cela jusqu’à ce que Kirin fasse son apparition et lui avoue que tout ce qu’il vient d’entendre est bien la vérité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après deux ans d’attente, reprendre le fil de cette série au scénario si complexe ne sera pas ce qu’il y a de plus facile pour tout le monde, mais qu’on ne s’y trompe pas : il en sera de même pour quelqu’un qui viendrait juste de relire les 11 précédents opus ! Heureusement, la digression sur l’affaire des « anges » prend fin ici (apparemment tout du moins) et l’auteur se recentre sur l’intrigue principale, sans non plus nous offrir un énième flash-back perturbant (en dehors de celui présent à la fin du tome, mais qui s’avère pour le coup utile à notre compréhension). Il faut dire qu’après un onzième tome presque entièrement consacré à dévoiler des parties cachées de l’histoire passée (et ce petit passage en revue des événements s’avérait d’ailleurs un apport non négligeable au puzzle que forme l’intrigue), il était grandement temps de revenir au présent. Et à présent, c’est le temps des nouvelles alliances et des nouvelles rencontres pour les différents protagonistes, que ce soit l’inspecteur Sasayama, Machi - désormais Wakana de par sa nouvelle personnalité -, Miss Chô de Gakuso, ou encore Tetora… Les cartes sont à nouveau complètement redistribuées mais on sent tout de même qu’un dénouement fait mine de s’approcher. Connaissant le scénariste, cela pourrait arriver bien plus vite qu’on ne le croit… ou au contraire repartir dans une toute autre direction ! C’est ce qui est à la fois bien et désagréable dans cette série dont on ne sait jamais si elle relève du trait de génie ou de l’incapacité du scénariste à rester dans quelque chose de défini et qui mène quelque part. Graphiquement, c’est toujours un travail très fouillé que fournit Eiji Otsuka dont cette série est sans doute le meilleur. Le trait est clair et détaillé, et le contraste extrême du noir et du blanc est le pilier qui donne à ces planches un aspect à la fois très lumineux et très sombre (c’est bête à dire comme ça, mais c’est assez dur à réaliser en vérité) qui maintient en place cette ambiance faisant sentir que tout peut arriver à n’importe quel moment. Pour le reste : très peu de tramage, une mise en scène posée de thriller contemplatif, des personnages stylés, une ambiance glauque et inquiétante même en plein jour… Notre seul regret sera d’attendre encore très longtemps avant de connaître la suite : le rythme de parution est assez long au Japon et il n’est pas impossible que nos amis aient contractuellement demandé à garder un tome d’avance sur l’étranger, sans compter l’arrêt du magazine dans lequel était prépubliée la série et la reprise de cette dernière dans un nouveau, ce qui jouera aussi peut-être sur le temps de sortie du prochain tome. Entre tout cela et un scénario alambiqué à outrance, seuls les plus accros et les plus patients des lecteurs seront au rendez-vous.