L'histoire :
Chihaya n’est pas une demoiselle charmante. Elle passe le plus clair de son temps les yeux froncés, en train de râler. Il faut dire que la vie ne l’épargne pas : elle doit s’occuper de son alcoolique de père et enchaîne les petits boulots ingrats. Ce matin, la jeune femme part en retard en travail. Elle est une fois de plus en colère et marche à vive allure, les sourcils froncés et n’hésitant pas à râler. A la gare, elle se faufile parmi la foule et monte les escalators sans faire attention aux autres. Son pied heurte alors accidentellement la cane d’un aveugle. Mais elle ne prend pas la peine de s’excuser ou d’aider le non-voyant car elle doit absolument monter dans son train. Seulement, cela lui pèse sur la conscience. De son côté, l’aveugle, Ichitarô va chercher à entrer dans sa vie et sa joie de vivre communicative pourrait bien adoucir la jeune femme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’une a un père alcoolique et enchaîne les petits boulots ingrats et mal payés ; l’autre bénéficie de l’aide de sa tante et communique sa joie de vivre. La première, Chiyaya, a les sourcils froncés, le deuxième, Ichitarô, est aveugle. Deux personnages qui connaissent des difficultés donc, mais qui réagissent de manière opposée. Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est celui qui a un handicap qui inspire la bonté et la joie de vivre chez l’autre. Ce n’est pas uniquement une histoire d’amour, non, celle-ci est presque reléguée au second plan. C’est avant tout une ode à la tolérance et à l’amour, au partage et à l’entraide, et une autre vision du monde. Sans en rajouter dans le misérabilisme ou la surenchère et le pathos, le récit nous dévoile les tracas quotidien d’un aveugle et la façon dont son quotidien en est affecté, entre les infrastructures inadaptées et des personnes parfois mal intentionnées. Malgré cela, Ichitarô ne s’apitoie pas sur son sort, il garde un esprit positif et optimiste, ce qui nous invite à réfléchir sur le sujet avec douceur. C’est également l’occasion de voir qu’il existe des belles choses dans le monde et l’auteur nous donne envie de s’y arrêter pour les contempler. Les dessins sont en plus réalistes et terriblement expressifs, ce qui ne gâche rien. En clair : un manga à acheter « les yeux fermés » !