L'histoire :
Un séisme de magnitude 6 frappe la région San’in, provoquant glissements de terrain et dégâts considérables dans les villages alentour. Les secours mettent plusieurs jours pour atteindre certaines zones sinistrées car des routes sont coupées. Mais on peut aussi noter qu’une faille s’ouvre et laisse apparaître une nouvelle forêt. Un peu plus tard, à Tokyo, la mère de Wataru est hospitalisée et le garçon doit partir vivre chez ses grands-parents, dans un village de la région San’in. Il intègre une toute petite école, 13 élèves en tout, et s’installe silencieusement à sa place. Il regarde la forêt par la fenêtre et n’entend alors plus rien. Il ne voit que cette forêt profonde et verte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dernier ouvrage de Jirô Taniguchi, La forêt millénaire est un projet à part. Déjà, le mangaka le destinait avant tout aux enfants et au lectorat français, tout en espérant que sa publication au Japon puisse bousculer un peu le monde conventionnel du manga (notamment via le format italien du livre). L'auteur japonais y exprime l’importance de la nature, la sensibilité des enfants au monde qui les entoure et les dangers de l’industrialisation. Ces thèmes transparaissent bien tout au long de l'album. Le récit développe aussi bien des mystères liés à la forêt que le portrait émouvant du petit Wataru. Malheureusement, Jirô Taniguchi est mort avant d’avoir pu terminer cette œuvre et on doit se contenter d’un texte qui nous explique les grandes lignes du projet. C’est loin d’être inintéressant, mais on reste sans réponse sur pas mal de sujets, notamment le déroulement des évènements. On n’aura jamais les réponses à ces interrogations et on doit se contenter de ce qui nous est donné, ce qui est assez frustrant. Quant aux dessins, ceux-ci font la part belle aux décors. Les textes occupent peu de place, et les personnages ne sont pas forcément placés en avant : le vert prédomine car c’est la nature qui est avant tout la pièce maîtresse de l’histoire. On soulignera aussi l’existence d’une galerie de croquis en fin de volume, histoire de compléter un peu plus l’ouvrage. Au final, on voit bien où l’auteur voulait en venir et on apprécie d’en apprendre plus dessus, mais le tout reste inachevé. C'est avec une pointe d'émotion que referme l'ouvrage, dernière pierre le destin hors norme d'un auteur de talent.