L'histoire :
Une jeuen fille prénommée Ravina vit dans une décharge. D’aussi loin qu’elle se souvienne, la demoiselle a toujours vécu là, entourée de milliers de corbeaux. Elle n’est pas malheureuse car elle trouve toujours de quoi manger à sa faim ainsi que des jouets en parfait état. Un jour, alors qu’elle profite du soleil, Ravina aperçoit une vieille femme avec des aiguilles plantées dans le corps et qui avance d’une démarche chancelante. Prise de pitié, Ravina soigne la veille femme mais ne peut la sauver de la mort. Avant de rendre son dernier soupir, la femme explique être une sorcière et confie sa baguette magique à Ravina. Cette dernière ne parlant que la langue des corbeaux, elle ne comprend pas ce qui lui arrive mais chérit la baguette. Un peu plus tard, des hommes chargés de réaménager le terrain arrivent à la décharge. Surpris d’y trouver Ravina, les hommes l’enlèvent, au grand dam des corbeaux qui ne parviennent pas à les en empêcher. Ravina découvre alors un monde étonnant mais cruel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On n’a plus besoin de présenter Junko Mizuno qui nous a toujours enchantés avec des contes horrifiques, érotiques et même comiques, qu’il s’agisse de réinterprétations d’histoires connues ou non. Ici, c’est une création personnelle que nous propose la mangaka qui nous raconte l’histoire de Ravina, une demoiselle vivant dans une décharge et qui va connaître de tristes aventures le jour où les hommes la trouvent et la déplacent. Chasse aux sorcières, problème de langage, besoin d’alcool, crainte et perversité : telles sont les difficultés que la belle Ravina va rencontrer, sans oublier des personnages tout aussi décalés (un vieil homme travesti, des amateurs de fessée, un roi tricheur, des animaux qui parle plusieurs langages...). Comme à son habitude, l’auteur nous présente donc des protagonistes inhabituels, dépravés ou détraqués, mais que l’on a pourtant envie de suivre tant leur parcours est aussi extraordinaire qu’eux. On retrouve les éléments essentiels des contes (sorcière, roi, pouvoirs magiques...) mais la touche personnelle de Junko Mizuno rend le tout aussi tragique que comique et passionnant. Graphiquement, on apprécie le grand format qui nous permet de bien profiter des dessins dont le colorisation fait totalement honneur scénario. Ceux-ci sont pétillants et brillants sans être trop acidulés pour autant, les personnages sont expressifs et dégagent un certain érotisme, la mise en page est dynamique, les bordures de cases sont originales et fleuries... Il n’y a pas à dire, voici un des meilleurs titres de l’auteur : on ne veut pas d’excuses, dépêchez-vous de vous en emparer !