L'histoire :
Dans les années 1930, la ville de Shangai est surnommée par beaucoup le Paris de l'Orient. La Chine a beau être prospère à ce moment, le peuple survit difficilement. Shangai est un vrai pôle économique et attire les puissances étrangères qui y installent des concessions et des bases militaires. Le Japon en fait partie et sa présence n'est pas forcément très bien vu puisque le pays du Soleil levant a annexé la Mandchourie il y a seulement quelques années. Les généraux chinois ne sont pas dupes et anticipent la venue en nombre de troupes nippones. Alors qu'ils rentrent dans une zone interdite, deux japonais sont abattus : un lieutenant et un soldat. On parle alors de l'accident Oyama. Celui-ci met le feu aux poudres et lance le début des hostilités entre les deux nations. Les armées japonaises sont mobilisées et prennent la direction de Shangai. Pour les hauts gradés chinois, il ne fait aucun doute que la défaite se profile mais, au lieu de céder en quelques jours, ils veulent tout faire pour tenir le plus longtemps possible...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Raconter la guerre et les événements qui la jalonnent n'est jamais une chose très simple. Certains auteurs prennent le parti de la romancer, avec pour principal défaut d'inventer certains faits, d'autres choisissent une approche très studieuse. C'est celle-ci que Bo Lu a choisi pour raconter l'un des épisodes les plus marquants de la guerre sino-japonaise. Dans les premières pages, l'auteur revient sur la montée en puissance des tensions entre les deux pays et la façon dont les hostilités furent lancées. La narration de La bataille de Shangai progresse à chaque événement historique. Nous n'avons pas vraiment de personnages principaux, rendant du coup moins immersive la lecture de cet album. Le soin et les détails historiques proposés par Bo Lu sont indéniables et les amateurs d'Histoire seront comblés, ce qui risque d'être un peu moins le cas des lecteurs cherchant ici un quelconque récit de guerre ou d'action. Bo Lu décrit ce titre comme un documentaire et c'est assurément ce qu'il a réalisé. Loin d'être manichéen, l'artiste chinois présente les faits et laisse son lectorat réfléchir aux horreurs de ce conflit qui en générera un autre plus choquant encore : Nankin. Cet album surprend aussi par ses dessins, d'un style assez différent de ceux des autres manhuas, le trait est très fin et les détails bien là. En bon archiviste, Bo Lu raconte un pan de l'histoire de son pays avec sérieux et application.