L'histoire :
Jonas Bradford va entreprendre un voyage avec un groupe d'élèves, au cours duquel il a la ferme intention de rencontrer son père. L'expérience qu'il a vécue en quelques mois au sein de l'école Carlisle est une suite de désillusions. Le jeune professeur ne comprend pas comment l'école que le révérend Bradford contribue à financer peut être le lieu d'autant de brimades et d'humiliations envers les jeunes indiens qui suivent son enseignement. La major Mercy, en particulier, maltraite sans arrêt les élèves, pour la moindre manifestation de leur culture d'origine, avec en point de mire un étrange joueur de flûte qui se manifeste sans se montrer chaque fois qu'un indien est victime d'une injustice. La vie de Jonas prend un tournant crucial. Il va affronter son père après avoir vécu une expérience qui le révolte. Il veut faire face à l'injustice et faire prévaloir des idées de respect, même s'il doit pour cela être incompris de sa propre épouse, enceinte de plusieurs mois lorsqu'il entreprend le voyage. Le professeur, timide et discipliné, va devenir un homme différent, alors qu'il comprend petit à petit ce qui s'est passé au sein de l'école...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au-delà de la volonté de proposer un diptyque instructif et historique sur les minorités indiennes, les auteurs ont mis la barre haute avec cette intrigue à deux époques dont on se demandait comment elles allaient se recouper. Le secret est dévoilé en tout début de tome 2. En tout cas, le lecteur le comprend, et dès lors c'est la seule force du destin du jeune professeur qui nous tient en haleine. Petit à petit, les secrets cachés se révèlent, entrecoupés de scènes d'action destinées à forcer le trait entre les défenseurs des indiens et les racistes patentés. A chacune de ces scènes, chaque fois qu'une case est censée mettre en lumière un tournant, on sent une certaine difficulté pour les auteurs à accélérer le tempo, à trouver la succession de cadrages qui rendent la mise en scène percutante. Il y a encore une forme de jeunesse dans les planches du dessinateur Laurent Seigneuret, qu'on ne voyait pas aussi criante dans ses travaux précédents. Notamment lorsqu'il utilise des effets visuels étonnants dans un album réaliste. De même que sur le plan du scénario, la multitude des éléments révélés dilue quelque peu la force de la révélation finale. On aurait voulu passer plus de temps pour comprendre les enjeux contemporains autour de cette tribu indienne, et avoir un peu moins d'illustrations de la brutalité du major Mercy. Les éléments véridiques sur cette fameuse école qui voulait « tuer le sauvage pour sauver l'homme » restent néanmoins très intéressants. Une illustration fascinante des dégâts que peut occasionner la certitude de détenir une vérité.