L'histoire :
Pico Bogue a envie de comprendre le langage que les hommes utilisent toujours et ont petit à petit transformé. C'est l'étymologie des mots. Même le mot « étymologie » a une étymologie, justement. Un mot, c'est comme un arbre : ils sont tous les deux nourris par leurs racines et ils évoluent et changent aussi en fonction du temps. On plante les arbres dans l'humus et les mots dans l'homme. D'ailleurs, humus et homme ont une racine commune. Sans le savoir, on utilise des mots en ne comprenant pas leur origine. Parfois même, certains de ces mots ont tellement changé, qu'ils signifient aujourd'hui le contraire de ce qu'ils étaient avant. Par exemple, Ana Ana veut s'abriter du soleil, c'est à dire se protéger derrière un parasol ou un endroit avec de l'ombre. Pourtant, Pico lui répond qu'elle est déjà à l'abri. En effet, le sens ancien voulait dire « lieu où l'on est exposé au soleil » ! Il y a beaucoup à apprendre de l'étude des mots et de la compréhension de leur origine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le petit Pico Bogue nous surprendra toujours. Cette fois, le voici passionné de mots et d'étymologie ! Rassurez-vous : ce n'est pas un dictionnaire ni un traité théorique, mais bien une bande dessinée où Pico et toute sa famille échangent des mots et des notions de langue ancienne et moderne. Ce n'est pas non plus un pur divertissement, puisque le propos reste très sérieux et pédagogique. 150 pages sont ici consacrées à l'étude d'un mot par page, mot qui en amène à un autre, et ainsi de suite. Ainsi, même si l'ordre suit celui de l'alphabet et que l'on s'arrête à la lettre C, beaucoup d'autres mots sont abordés sur chaque page. Le travail linguistique est bien complet, avec l'inventaire d'origines variées comme le latin bien sûr, le grec mais aussi le sanskrit ou encore des racines indo-européennes, du francique, l'ancien provençal, de l'arabe... Malgré tout, le mélange de l'univers de Pico et de celui de l'étude linguistique peut paraître vraiment saugrenu (de « sel grenu » qui veut dire « piquant, amusant » puis a dérivé en « absurde, ridicule »). Cela semble même un peu artificiel, tant on a du mal à se faire à l'idée que l'espiègle Pico et la joyeuse Ana Ana se transforment en érudits de la langue française. C'est bien plus un projet pour faire plaisir aux auteurs et surement au monde scolaire qu'autre chose. D'ailleurs, on voit beaucoup de scènes se passant à l'école ou des moments où Pico se renseigne en lisant un livre théorique. Pour éviter l'overdose intellectuelle, il vaudra mieux lire chaque saynète par petites doses. Malgré tout, l'ensemble est bien fait et bien pensé. L'utilisation et la réflexion sur la langue française permet de trouver un nouveau terrain pour les calembours. Les fans seront ravis aussi de retrouver des situations bien connues qui prennent du coup une nouvelle dimension comme les mauvaises notes de Pico, sa gourmandise légendaire et ses négociations avec le vendeur de caramels... Un projet un peu étrange de prime abord mais intéressant et plutôt ludique. « Secta » ou « sector » (suivre, obéir) et « secundus » (second) : à suivre donc dans le deuxième tome...