L'histoire :
Dans quelques jours, Julien va accompagner sa femme Maud dans le Michigan, où elle va rencontrer sa grand tante. Odette travaillait dans une brasserie parisienne à la fin de la seconde guerre mondiale quand John était un soldat américain employé à la maintenance des trains. Avec beaucoup d'insistance, le jeune soldat plein d'humour avait fait des avances à la jeune serveuse. Tant et si bien que, six mois plus tard, elle embarquait pour les Etats-Unis sur le Vulcania, un bateau qui emmenait quelques centaines de femmes vers le nouveau monde, pour y rejoindre leurs maris américains. Son frère Justin était révolté par ce départ précipité et l'attitude somme toute conquérante de John. Les parents d'Odette, quant à eux étaient déçus de voir leur fille quitter la France. Mais à l'époque, très vite après l'arrivée à New York, l'administration américaine s'occupe efficacement des « war-brides ». Et Odette prend le train vers Detroit pour rencontrer une belle-famille qu'elle ne connaît pas encore. Une vie va se construire, que Julien et Maud vont découvrir quelques décennies plus tard. Si toutefois Odette accepte de raconter au jeune scénariste très curieux la grande aventure de sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec des allers-retours dans le temps qui construisent à rebours la vie d'Odette depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Michigan plonge le lecteur dans une histoire intime, à la fois simple sur le fond et pleine d'émotions. Julien Frey adopte un ton léger, volontairement empreint d'autodérision sur son propre personnage. Un jeune homme un peu amusé à l'idée d'aller découvrir une famille américaine, et qui accentue avec joie les clichés les plus éculés. La grande habileté du scénariste est de parvenir à nous faire découvrir chacun des protagonistes avec une grande finesse : le caractère directif de John, le courage d'Odette empreint d'une certaine résignation, et bien sûr la découverte pour Julien d'une famille à l'histoire extraordinaire. Sans aucune prouesse technique, le dessin de Lucas Varela est pourtant d'une grande justesse, dont la précision éclate dans la scène de cours de danse sur le bateau qui traverse l'Atlantique. Les 140 pages de l'album passent en un éclair, et la deuxième lecture offre un plaisir renouvelé. Un très bel album, un de ceux qu'on offre volontiers à ceux qui ne savent pas encore à quel point la bande dessinée peut émouvoir, faire sourire, tout en racontant des histoires profondes et authentiques.
