L'histoire :
La maman de Pico et d’Ana-Ana a retrouvé les gants de la fillette. Sur le coup, celle-ci est aux anges ! Puis elle réfléchit. En fait, elle les aime tellement, qu’elle redoute de les perdre à nouveau. Elle s’attend donc à redevenir triste. Tout bien considéré, sa mère lui a donc offert la promesse d’une souffrance…
Pico et Ana-Ana observent un oiseau qui fait « cui-cui » dans le jardin. Ana-Ana se fend d’une remarque : La plus jolie onomatopée, c’est cui-cui. Sur cette réflexion poétique, l’oiseau picore un gros ver de terre et l’aspire comme un spaghetti. Pico complète alors par la traduction humaine, qui signifie sans doute « miam-miam ».
Pico et Ana-Ana jettent des graines aux oiseaux. Ou plutôt, Ana-Ana jette des graines SUR les oiseaux et se fait donc traiter d’idiote par son frère. Ana-Ana rétorque que l’insulte n’est pas une solution. Les mots ne sont-ils pas que du vent, répond Pico ? Ana-Ana refuse cette excuse trop facile : cela veut dire que si elle, à son tour s’excuse, puisque ce seront des mots, ce sera aussi du vent… Les deux se rendent compte de l’absurdité de leur discussion et préfèrent arrêter de parler pour se faire un câlin muet. Leur père est décontenancé lorsqu’il apprend que l’origine de cet accès de tendresse provient d’une insulte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est presque devenu un rituel : comme chaque année en novembre, le petit Pico Bogue revient dans un album d’historiettes et de strips, qui ne sont pas exactement des « gags ». En effet, le gamin à la tignasse rousse improbable s’adonne plutôt à de courts exercices de réflexions philosophiques, de jeux avec les sens des mots, de poésie du quotidien terre-à-terre, de relativisme métaphysique, d’impertinence vis-à-vis des idiotes préoccupations adultes ou de décorticage presque coupable des émotions. En bref, tout ce qui permet la prise de recul et le recentrage sur l’essentielle introspection de la destinée humaine. Rien que ça. Certes, tous ces propos imaginés par un duo d’auteurs adultes, placés dans la bouche d’un gamin vaguement situé autour de la classe de CM2, peuvent paraitre ambitieux dans leur intention raisonnable… Mais c’est assurément leur concentration qui prête au doute. Car il est bien connu que les fulgurances infantiles désarçonnent souvent les adultes par leur pertinence et leur propension à surgir au moment où on s’y attend le moins. Sur des scénarios de Dominique Roque, son fils le dessinateur Alexis Dormal met le tout en scène de son crayonné désormais bien en place, rehaussé d’une colorisation au lavis pastel. Une itération marque ce 9ème recueil comme un running-gag un peu agaçant : l’emploi du mot « cute » (mignon) par Ana-Ana, la petite sœur de Pico.