L'histoire :
Pico, devant ses haricots, aurait aimé comme miracle de la vie qu’il fût le fils d’un pizzaiolo. Ana Ana, elle, est heureuse que sa maman lui crie dessus, parce que ça montre qu’elle est en bonne santé. Pico aimerait pouvoir répondre « ouais » comme tout le monde aux questions de son papa, et Ana Ana continue d’enrichir son dictionnaire des chouettes mots. La vie chez les Bogue, quoi. Mais quand la maîtresse annonce que pour la fête de l’école, dans un mois, chacun devra créer une œuvre d’art, les enfants sont perplexes. La maîtresse leur concède que définir l’art, c’est difficile. Et choisir son support, encore plus. Charlie s’essaie à l’art conceptuel, et continue « d’aider » la petite fille timide. Barnabé, le bon élève, oriente ses camarades et les abreuve d’informations. Ana Ana fabrique de magnifiques œuvres d’art, mais elle les détruit dès qu’on la félicite. Et Pico dans tout ça ? Pico, lui, joue sur les mots, cherche le moment de liberté, la poésie de l’instant. Mais il ne pratique pas beaucoup !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme la feuille d’automne emportée par le vent, le Pico Bogue tombe en tourbillonnant. Comme d’habitude, il est beau et doux. L’aquarelle d’Alexis Dormal, ses couleurs bien ajustées, sont pleines de poésie et invitent à la réflexion du soir au coin du feu, ou du mercredi venteux… Cette douceur, cette légèreté du trait donne au lecteur une intimité avec la famille Bogue qui ne se dément pas. Et si tout n’est que prétexte à réflexions philosophiques et jeux de mots recherchés pour Pico et Ana Ana, ce dixième tome leur donne l’occasion de réfléchir et disserter sur l’art dans une espèce de mise en abîme dans leur courant originel… C’est l’occasion pour les enfants et le lecteur de recroiser Chagall, Basquiat, Giacometti, Vinci, dans le désordre chronologique le plus total (désolé M. le ministre), mais dans la jubilation la plus entière ! Tous les grands maîtres sont convoqués, soit pour prendre exemple, soit pour philosopher. Le moment de lire cet album est une parenthèse d’intimité avec cette famille et leurs amis, eux-mêmes issus d’une famille d’auteur, Dominique Roques, la scénariste étant la mère d’Alexis Dormal. La complicité est totale et le lecteur se sent réellement dans un giron poétique et artistique, en lien avec ce gamin à la tignasse hirsute, mix insolite de Fifi Brindacier, Mafalda et Charlie Brown. Un vrai bonheur d’automne, qu’on referme en soupirant. Un an à attendre déjà, pour la suite…