L'histoire :
En 2084, la civilisation humaine souffre irrémédiablement de son incapacité à réguler son empreinte polluante sur la Terre. Le niveau de la mer est sévèrement monté, des virus inédits se répandent, des factions antagonistes se livrent à des attentats dégueulasses, à coups d’algorithmes autonomes qui manœuvrent des drones et des machines guerrières… C’est dans ce contexte qu’intervient « Renaissance », une coalition extraterrestre pacifique, qui a voté le sauvetage de l’humanité malgré elle, avant qu’il ne soit trop tard. Ils ont des gigantesques vaisseaux géométriques, une connaissance scientifique bien supérieure à la nôtre (ils maîtrisent la téléportation et le clonage express) et se présentent réellement comme une armée de pacification. Au sein de Renaissance, un couple de la planète Näkän œuvre à deux endroits différents de notre planète. Swänn se trouve aux côtés de Liz, une femme pompier qui recherche sa famille, alors que son expertise réclame qu’elle s’occupe d’un feu titanesque de puits de pétrole au Texas. La jeune épouse de Swänn, Sätie, est médecin. Elle enquête quant à elle aux côté d’Hélène, sur le patient zéro d’une fièvre ravageuse et très contagieuse, du côté de Rouen. Tous deux sont confrontés à des manifestations hostiles plus que suspectes, de la part d’un ennemi inconnu. Se pourrait-il que Renaissance soit gangrénée par de vils desseins spatio-politiques ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout comme les humains le faisaient sur l’archaïque planète Anachron dans les années 2000, dans Renaissance, de gentils extraterrestres débarquent sur Terre pour nous sauver, malgré nous, de notre incapacité à endiguer notre propre extinction. Avec une vraie force évocatrice et une folle imagination, le tome 1 nous présentait en détail ces aliens et leurs rites, comme techniquement et psychologiquement bien mieux évolués que nous. Cette mise-en-bouche en profitait aussi pour nous soumettre la question de l’ingérence : sous couvert de sauvetage, leur intervention serait-elle une colonisation ? Ce tome 2 confirme cette problématique centrale. Nos héros extraterrestre Swänn et Sätie se retrouvent eux-mêmes confrontés à des velléités qui leur échappent, tout en tentant d’aider chaque de leur côté deux humains clés pour des points sensibles de leur assistance (les feux pétroliers au Texas, la fièvre pandémique en France). Sur ces deux fils narratifs, le scénario de Fred Duval se montre une nouvelle fois passionnant et sensé. Les avancées technologiques, les questions de société et les alternatives biologiques n’ont rien à envier dans leur fraîcheur et leur pragmatisme aux Mondes de Léo, tandis que la variété des espèces aliens lorgnerait parfois du côté de Sillage. Le renouvellement des scènes spectaculaires designées par Fred Blanchard et dessinées par Emem, tirent aussi cette trilogie en devenir vers le haut de la SF, en terme de dépaysement. La lune modifiée, l’attaque de drones sur les coteaux du château (de Robert le Diable ?), les dragons de la planète Näkän, les infrastructures routières terriennes en ruine, les variations structurelles de l’origame, le parlement bigarré de Näkän, l’incendie des puits au Texas, la centrale énergétique de la cité-Soleil (liste non exhaustive) sont autant d’images originales et fortes qui restent longtemps en surimpression rétinienne.