L'histoire :
Aussi paradoxale cette phrase paraîtra-t-elle, Bandes dessinées n’est pas une bande dessinée. Une fois n’est pas coutume, nous présentons un jeu de société qui prend pour contexte le milieu de la bande dessinée. Les 2 à 6 joueurs qui choisissent d’y participer n’ont cependant pas besoin de s’y connaître en 9ème art pour rivaliser avec les autres. Ici, chacun incarne un collectionneur de BD, qui décide des séries préférées qu’il tente de réunir. Pour cela, il a un petit pécule de départ et peut acheter en librairie, ou vendre aux enchères les séries qu’il aime moins… mais qui peuvent intéresser les concurrents. Attention : en leur vendant vos BD, vous faites leur jeu… mais vous avez aussi besoin d’argent. Il faut donc savoir enchérir, parfois surenchérir, parfois brouiller les pistes en achetant une série secondaire, parfois mettre en vente en plein désespoir la BD qu’on adule… et si vous avez dépensé trop d’argent, vous pouvez toujours aller travailler chez l’éditeur pour vous renflouer, et profiter de ce passage pour nourrir le marché de nouveaux albums…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avez-vous déjà remarqué que les amateurs de BD étaient souvent les mêmes que les ludo-consommateurs de jeux de stratégie ? Delcourt-Soleil a sans doute eu une bonne idée en s’alliant avec Ludically/Asmodée pour réaliser ce jeu qui chatouillera le point G très sensible des grands enfants. Notre équipe de 6 joueurs – dont la plupart de « gros » joueurs de plateau – a testé ce jeu de stratégie et d’enchères, à trois reprises (voir photos). Rappelons d’emblée qu’il n’est nullement nécessaire d’être un puit de culture en 9ème art pour y participer : les néophytes ont les mêmes chances de gagner que les BD-addicts. Les règles sont logiques et bien explicitées mais, comme souvent, il vous faudra a minima une partie « pour du beurre » pour bien saisir les mécanismes et les stratégies possibles. Une partie dure environ 30-45 minutes, ce qui offre la possibilité d’en faire plusieurs de suite. Côté matériel, il y a des piécettes d’argent, 6 bases de jeu en carton, un meeple de couleur par joueur (personnage en bois) et le gros du jeu se déroule à l’aide de cartes représentant des couvertures d’albums de 6 séries phares de l’éditeur Delcourt-Soleil : Le chant des Stryges, Les naufragés d’Ythaq, De cape et de crocs, Marlysa, Sillage et La geste des chevaliers dragons (que des séries comptant plus de 12 tomes, pour pouvoir varier les couvertures). La distribution des cartes laisse initialement penser que le facteur chance est très important… ce qui n’est pas faux, à la base. Toutefois, plus on a joué, et plus on a découvert des subtilités tactiques : comment pourrir la victoire annoncée d’un joueur, comment se servir de la « triche régulée » permise par les règles… De l’avis unanime, c’est plutôt « un bon jeu », aux mécanismes d’enchères cohérents, à l’immersion forte dans le milieu BD, aux interactions qui découlent sur des palabres, alliances, vannes… On se permet même d’imaginer des extensions possibles (ex : une option valorisant un album dédicacé). On se permet aussi de critiquer l’inutilité de la piste des scores au verso de la librairie centrale (tout le monde a déjà compté avant qu’on la retourne). Voire, puisqu’on est pinailleurs, la taille et l’organisation de la boîte (le séparateur optionnel empêche les bases de se ranger… et le matériel tiendrait facile dans une boîte 3 fois plus petite). Mais on chicane : notre groupe de joueurs tatillons était assez unanime sur une moyenne de 12/20. Traduction : voilà une extraordinaire idée cadeau, un vrai indispensable pour les amateurs de BD et de jeu.