L'histoire :
Camille et Amélie sont toutes deux serveuses dans un bar. Elles partagent leur ras-le-bol de la routine des clients qui les draguent lourdement dans cette petite ville où il n'y a pas grand chose à faire. Camille passe beaucoup de temps assise devant une immense maison au portail toujours fermé. C'est là que vit Roland Mars, un grand auteur à la fois historien et philosophe, dont le dernier livre l'a fascinée, il y parle d'ailleurs de cette maison dans laquelle il vit, et de l'importance qu'elle a pour lui. Un jour, l'écrivain descend de sa voiture avant d'entrer dans sa propriété. Il s'avance vers elle et lui explique qu'il a remarqué sa présence. Voyant son intérêt pour sa maison il lui propose un travail qui lui permettra d'entrer chez lui et d'y passer le temps nécessaire. Des propos mystérieux de la part de ce vieil homme qui n'a visiblement aucune intention d'attirer la jeune femme vers lui. Alors Camille accepte ce qu'il appelle la première étape de son apprentissage. Elle se retrouve tous les soirs dans une immense pièce ornée de plantes et de têtes d'animaux empaillées, dont elle doit assurer l'entretien. Rien de plus. Ce qui donne à Camille beaucoup de temps pour rester assise et réfléchir. D'autant que Mars lui a précisé qu'elle ne devait accéder à aucune autre pièce de l'immense maison. Au bout de quelques nuits, des phénomènes étranges entre rêve et réalité commencent à se produire. Et lorsqu'Ámélie va revoir sa meilleure amie, elle remarquera que quelque chose chez elle a changé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un beau duo classique que forment Makyo, grand scénariste qui a marqué les esprits à ses débuts avec le mystérieux Balade au Bout du Monde, et Luca Casalanguida, dessinateur italien dont le trait extrêmement nerveux va chercher ses influences chez les maîtres des années 70 comme Raymond Poïvet ou Paul Gillon. On retrouve l'atmosphère étrange que Makyo aime créer. On se souvient du Cycle des Deux Horizons, une progression lente vers des expériences inexplicables et des aller-retours constants entre la vraie vie et les moments de transe que Camille va vivre. C'est d'une belle efficacité, le récit se dévore, avec juste ce qu'il faut de dialogues pour renforcer l'impression de surnaturel et donner les explications nécessaires. Casalanguida ne dessine pas un trait de trop. C'est à la fois précis et léger, un ou deux plis de vêtement suffisent pour animer une silhouette. Les fans de fumetti italiens pourront le retrouver dans quelques épisodes de la très populaire série Dylan Dog (bon... il faut comprendre l'italien), où son trait fluide en noir et blanc fait merveille. Ici les couleurs participent à l'ambiance et complètent parfaitement l'économie apparente de moyens. Après des dizaines de séries et beaucoup plus d'albums, Makyo a toujours des idées simples pour nous accrocher à des intrigues prenantes, avec des personnages vraiment incarnés dont la personnalité est palpable.
