L'histoire :
Qui est donc Chéri-bibi ? Ce bagnard immatriculé 3216, véritable force de la nature, est en route pour Cayenne dans les soutes du Bayard, avec de nombreux autres forçats. Redouté et redoutable pour ses geôliers, il est adulé et réputé invulnérable aux yeux de ses compagnons d’infortune. Car Chéri-bibi s’est déjà évadé à moult reprises… avant de se livrer lui-même à la police, à la surprise de son ennemi intime, le commissaire Costaud. Il clame volontiers son innocence au capitaine du navire qui l’emmène pour la seconde fois vers la Guyane… et qu’il vient de prendre en otage lors d’une mutinerie qu’il a lui-même organisée. Autrefois garçon de boucher à Dieppe, il était tombé amoureux de la fille de la famille bourgeoise qu’il servait, Cécily. Il savait que sa petite condition ne lui permettait que de rêver : la belle était soit promise à un jeune homme de bonne famille, l’infect Maxime du Touchais, soit à un ambitieux commissaire de police : Costaud lui-même. Jusqu’au jour où chéri-bibi devait surprendre, de nuit, une altercation entre le père de Cécily et un inconnu, sur les falaises du littoral. Se hâtant pour lui venir en aide, il lui fichait malencontreusement son couteau de boucherie dans le ventre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Incontestablement, les scénarii de Pacal Bertho sont montés d’un cran en maturité ces derniers temps. Après la série Kerioth, le Chevalier Malheur et l’excellent diptyque La voix, il vient de lancer Aëla, nouvelle série se passant au temps des vikings, et il fait à présent une excellente adaptation de l’œuvre de Gaston Leroux, prévue en 3 tomes. Plus connu pour ses feuilletons policiers (Rouletabille !), Leroux avait entamé les Chéri-bibi à partir de 1913, série digne des romans d’aventure d’Alexandre Dumas. On embarque donc volontiers pour la Guyane, aux côtés des bagnards de Cayenne, dans une aventure où l’action et les embruns se partagent à une fabuleuse peinture sociale du début de siècle. Rythmée et palpitante, la retranscription en BD est également réussie grâce au dessin de Marc-Antoine Boidin, déjà complice de Bertho sur Kerioth. L’auteur combine ici à la fois un style artistique relativement « brut » (un crayonné directement mis en couleurs via informatique) et une lisibilité optimale. Cela se caractérise notamment dans les séquences obscures, par une bichromie turquoise et sanguine, idéale pour installer une ambiance angoissante. Un premier épisode rudement prometteur… on attend la suite avec impatience !