L'histoire :
Le 5 juin 1968, Duke, reporter américain indépendant, se trouve à l'Ambassador Hôtel de Los Angeles, pour couvrir le meeting de Bob Kennedy, candidat démocrate à la prochaine élection présidentielle. Quelques secondes avant que celui-ci ne soit assassiné en ces lieux, Duke croise un homme armé suspect, au regard vide, dans un couloir. Il parviendra à l'immortaliser sur un cliché et s'investit dès lors dans des investigations poussées. La piste qu'il suit le mène sur le front de la guerre du Vietnam : l'assassin de Kennedy fait a priori partie d'une section de combat spéciale. Duke se met donc en contact avec Fowler, un conseiller du Président, pour obtenir un visa express afin de faire un reportage de guerre sur un assaut imminent : la prise de la colline 937. Fowler tente de le dissuader... Puis avec une méthode musclée, une officine de la CIA tente d'être encore plus persuasive... Mais Duke est opiniâtre. Il se retrouve au Vietnam, parmi ce que l'armée compte de pire en matière de têtes brûlées. La division Attila est en effet composée de cas sociaux aux passés violents et aux comportements lunatiques et imprévisibles. Ils sont en outre suivis pas un mystérieux médecin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième thriller autonome et indépendant, le cahier des charges de la série Complot est admirablement rempli. Les abominations de la guerre du Vietnam servent de contexte historique et les mythiques manipulations scientifiques et psychologiques militaires, visant à obtenir un super-soldat obéissant à l'aveugle, s'avèrent un excellent moteur. Cette problématique se découvre progressivement, même si elle se montre sous-jacente dès la page 7. Par séquences successives, le récit s'étale sur 8 années (de 1968 à 1976), mais il se cristallise en climax sur La bataille de Hamburger Hill. La prise de la colline 937, un repère Viêt-cong (le 20 mai 1969), fut baptisée ainsi en raison de la boucherie ultime qui en découla. Gihef en offre une version non-officielle plausible, qui ravira les fantasmeurs de théories du complot. Comme toujours avec Gihef-scénariste, les textes sont soignés. Ils se présentent ici majoritairement en voix off narrative, qui se fait l'écho du journal de bord du journaliste héros Duke. Mais surtout, le récit s'appuie sur la mise en images de haute voltige de Stéphane Perger, empereur du lavis et de l'aquarelle en BD. Découpage explosé, déclinaisons chromatiques ad hoc, tronches torturées et expressives, paysages de jungle ravagée... Rien ne manque à l'efficacité visuelle de ce troisième Complot ! Perger est un super soldat du 9ème art. Mais quel mélange psychothrope prend-il ?