L'histoire :
Nous sommes en 1967 et le monde a basculé dans la guerre nucléaire. New York a été frappée par une bombe atomique qui a détruit la majeure partie de la ville – en contrepartie, l'URSS n'existe même plus. Le président des Etats Unis, Henri Kissinger, tente de maintenir son autorité sur un pays qui voit renaître la guerre de sécession. Menés par un un leader absolu nommé « le Protecteur », les sudistes rassemblent les blancs héritiers du Ku Klux Klan, tandis que le gouverneur de Califonie Richard Nixon fait valoir des ambitions nationales. Ce qui reste de l'ONU est dominé par la France et l'Angleterre, redevenues les plus grandes puissances du monde après l'éclatement des USA. Rassemblés sur Liberty Island, au pied de la statue de la liberté, de hauts responsables français et anglais ont répondu à l'appel du pouvoir fédéral américain. Une attaque du Mexique sur le Texas est en préparation, qu'il faut absolument repousser. Mais alors que les manoeuvres militaires s'organisent pour préserver ce qui reste de l'indépendance des USA, une nouvelle menace se profile : les sudistes ont réussi à pénétrer dans une base de lancement de missiles à têtes nucléaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un groupe de militaires évolue dans un magasin de souvenirs dévasté, et répartit sur une carte d'état-major les figurines qui jonchent le sol. Modèles réduits de voiture, bibelots de toutes sortes finissent par représenter les forces en présence... Formidable mise en scène, épatantes six premières pages de cet album qui suffisent à accrocher le lecteur. Le bombardement atomique des russes sur les Etats-Unis, la sécession en cours, les rivalités avec le Mexique, tout est expliqué sans en avoir l'air. En quelques pages ultra efficaces, au milieu d'une situation étonnante et drôle, les images racontent une histoire tandis que les dialogues nous font comprendre ce qu'il s'est passé auparavant. Une vraie démonstration de brio par les scénaristes Fred Duval et Jean-Pierre Pecau. Mais aussi une belle preuve de respect pour le lecteur que de prendre le temps de construire des dialogues précis et équilibrés, tandis que Boyan Kovacevic dessine des décors complexes et foisonnants et peaufine de vraies mises en scène. Après cette entrée en matière, l'album déroule impeccablement son uchronie, mélant faits réels et déviations du cours de l'histoire. Et les auteurs prennent soin de ne pas tout raconter en début d'album, si bien qu'on découvre à la fois les développements de l'intrigue en cours et ce qui fait que le monde en est arrivé là. Un vrai plaisir de lecture qui dure 56 pages. Un des tomes les plus réussis de la série Jour J.