L'histoire :
Marie de Médicis vient d'être sacrée reine en la basilique de Saint-Denis, tandis que le roi Henri IV choisit de ne pas rentrer à Paris et de rejoindre directement les frontières ; il part en guerre. Le carrosse qui devait retourner vers la capitale prend pourtant la route prévue, mais à son bord se trouve un mannequin de paille, derrière les rideaux fermés. Lorsque Ravaillac se précipite l'arme au poing pour assassiner le roi, il réalise en frappant la silhouette assise qu'il est tombé dans un piège. Il est arrêté par les soldats du roi, mais immédiatement agressé par un spadassin qui le poignarde. Il meurt, il ne pourra pas témoigner. C'est un proche du roi, Jacques Nompar de Caumont, qui va rassembler les premiers éléments de l'enquête. Il se rappelle que Ravaillac l'avait abordé quelques jours plus tôt, lui demandant la possibilité d'approcher le roi, fort d'une lettre de recommandation des moines feuillants. Une visite s'impose au couvent de feuillants. Pendant ce temps, Jean François Rapine va rendre visite à l'espion qui avait averti un des abbés de la cour de l'attentat programmé. Mais la jeune femme en question vient d'être enlevée, Rapine ne peut que constater qu'elle lui échappe dans un carrosse rouge. Les deux hommes qui mènent l'enquête vont alors tracer les faits et gestes de Ravaillac depuis son passage au couvent, pour tenter d'identifier les commanditaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le cours de l'histoire est rectifié d'entrée de jeu avec le coup de maître organisé par les services du roi Henri IV qui devinent le risque d'attentat, et piègent l'agresseur Ravaillac. Nompar de Caumont, qui était assis aux côtés d'Henri IV le jour de son assassinat en Mai 1610, est donc ici dans les rues de Paris lorsque Ravaillac se précipite vers le piège tendu. L'enquête qui débute cherche des pistes de tous côtés et n'exclut pas l'entourage de la reine. Elle est l'occasion de passer en revue les relations entre Henri IV et la papauté, d'évoquer ses relations extra-conjugales, la force des ligues religieuses, bref de plonger dans la complexité d'un règne qui hérite des conséquences de la St Barthélémy. La dimension policière de l'album est efficace et ne manque pas de scènes d'action. En revanche, les références historiques ne sont pas les plus faciles à apprécier. On devine que les auteurs, dont on connait le professionnalisme historique, multiplient les touches avec la réalité de l'époque, mais on n'est jamais certains d'avoir tout saisi. Mais sous le trait et les couleurs efficaces du duo Bianchini-Smulkowsi, on n'a aucune difficulté à se laisser guider dans les rues de Paris, dans les auberges et les salles de torture, ou le campement militaire d'un roi en campagne. Après 45 albums en à peine plus de dix ans, la série qui s'amuse à renverser des moments clés de l'histoire ne semble pas devoir s'arrêter. La mécanique entre Fred Duval et Jean-Pierre Pécau semble ultra rodée. Elle présente le gros avantage d'aligner des one-shots qui n'exigent aucune fidélité particulière, à l'exception de quelques histoires sur deux ou trois tomes. Donc à dans quelques mois, pour Jour J 46 !