L'histoire :
Dans un immeuble de Manhattan, le bureau 103 se sent épié. Depuis plusieurs jours, en effet, un homme est visible sur le trottoir qui fait face à leur lieu de travail. Pas moyen de savoir ce qui pourrait justifier cette surveillance, probablement par le FBI, même s'il est clair que l'administration américaine compte en son sein d'évidents soutiens à Hitler. Il faut dire que la mission du bureau est particulière : il s'agit de surveiller ce qui se passe en Europe occupée, et de comprendre en particulier le sort qui sera réservé aux juifs. Depuis que l'Angleterre a reconnu sa défaite face aux allemands, le continent est livré à l'opposition entre nazis et soviétiques. Un accord de paix germano-britannique est en cours de négociation à New York, l'Angleterre de 1943 n'est plus celle du défunt Winston Churchill. Le document qui vient d'arriver au bureau vient d'un certain De Gaulle, un militaire français qui a quitté Londres pour se réfugier à Moscou. Des photos aériennes montrent des bâtiments en construction dans la ville polonaise de Chelmno, une zone qui ressemble à un camp de prisonniers. Lorsqu'elle quitte le bureau 103 ce soir-là, Mary est suivie par l'homme qui faisait le guet devant leur immeuble. Elle finit par l'aborder frontalement, pour découvrir qu'il avait une clé à lui remettre. Ils ont à peine le temps d'échanger quelques mots que des hommes en armes se dirigent vers eux. Mary a le temps de s'enfuir, mais son mystérieux contact sera retrouvé mort sur le trottoir dans la soirée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette nouvelle distorsion de l'histoire, ce sont trois tomes réjouissants qui s'annoncent, sur le pitch initial d'une Angleterre qui aurait accepté sa défaite dans la bataille face aux allemands. L'intrigue qui démarre aux Etats-Unis réserve encore d'énormes potentiels de développement, notamment autour de l'entrée en guerre des Etats-Unis. Duval et Pécau imposent un tempo immédiatement haletant autour du sort de Mary qui vient de recevoir des photos de ce qui est probablement un camp de concentration. On s'accroche avec elle face aux dangers qui la menacent, sa découverte étant potentielle cruciale. Les deux auteurs distillent quelques noms fameux qui rappellent la présence de grands industriels et banquiers dans les affaires autour de l'Allemagne des années quarante, mais sans jamais ralentir leur récit. Le dessinateur Brada prend quelques moments pour nous immerger dans le New York des années quarante, avec des perspectives de rues de Manhattan, ou cette très belle demi-page avec son vendeur de peanuts inspiré d'une photo d'époque, la lassitude en plus. Une nouvelle fois, on achète sans sourciller l'hypothèse de départ, la force des scénaristes étant de pousser leur logique sans cabotinage. OK, Churchill est mort et De Gaulle est réfugié à Moscou, mais ils ne se contentent pas de ces alternatives originales. Ils nous expliquent ce qui peut se passer ensuite, et on a hâte d'en savoir plus !