L'histoire :
Au milieu de l'été 1996, un camion citerne se positionne devant les tours de Khobar, une grande ville de l'est de l'Arabie Saoudite, et explose, emportant avec lui l'ensemble du bâtiment. L'attentat fait une vingtaine de morts, dont une majorité de soldats américains. L'agent spécial O'Neill du FBI, qui se voit initialement confier l'enquête, en est pourtant rapidement déssaisi, la version officielle des services du renseignement saoudiens étant une implication de l'Iran. Mais O'Neill ne croit pas un instant à cette thèse et réussit à établir que l'explosif n'est pas le semtex russe de la version officielle. Grâce au soutien personnel d'un haut responsable de l'administration Clinton, il poursuit son enquête et établit des contacts avec la CIA, passant outre les rivalités entre les deux organisations. Il découvre que Robert Baer mène le même combat que lui contre une menace terroriste structurée que l'administration américaine refuse encore d'accréditer. Ils établissent alors ensemble la liste des points communs entre de nombreux attentats ayant eu lieu à travers le monde dans les dernières années, et découvrent que derrière chacune de ces actions, un homme semble tirer les ficelles. Un entrepreneur de travaux publics dont la famille avait toujours eu les faveurs du régime saoudien, et dont la fortune colossale lui donne des moyens d'action impressionnants. Un certain Oussama Ben Laden...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette réalité alternative, c'est John Kerry qui sera élu président des Etats Unis d'Amérique en 2004, et les attentats du World Trade Center n'auront jamais eu lieu. Son vice président Barack Obama tente de défendre auprès du nouveau patron de la Maison Blanche le cas d'un ancien officier du FBI surnommé « le prince des ténèbres », en raison entre autres des costumes chics et sombres qu'il porte. Ce premier album d'un triptyque très prometteur met en scène l'agent du FBI au moment des premiers attentats terroristes, lorsque Al-Quaida n'avait pas encore été nommée. O'Neill est un pionnier qui, dans le monde réel, a trouvé la mort dans les tours jumelles le 11 septembre 2001, faute d'avoir pu obtenir l'écoute suffisante des autorités américaines. Les scénaristes Fred Duval et Jean-Pierre Pécau fournissent à l'agent du FBI deux acolytes au profil type de série d'espionnage, en la personne de Carter et Sullivan. Deux personnages pleins de répartie qui donnent un ton faussement léger à cette analyse rétro-historique passionnante. Igor Kordey déroule comme d'habitude une partition ultra efficace, avec quelques plans remarquablement cinématographiques, comme cette perspective aux côtés des gardes du corps du président Kerry qui défile dans les rues de New York en page 4. Le tome deux parait simultanément, et c'est tout à fait opportun, tant l'accroche initiale est forte. Quelques éléments de mise en place intrigants nous donnent envie de savoir ce qui va se passer dans cette réalité nouvelle « sans » 11 septembre. Et ce qu'est devenu l'homme qui avait, semble-t-il, permis de déjouer l'attentat...