L'histoire :
Le 19 aout 1936, dans le sud de l'Espagne, Federico Garcia Lorca vient de se faire exécuter d'une balle de fusil par les franquistes. Cet assassinat est un symbole absolu, perpétré contre un homme de lettres et de culture, ardent défenseur des idées républicaines. Lorsqu'il en est informé, Salvador Dali est en plein exposition à Londres. Avec son langage illuminé et son manque total de modestie, il décide de venger son ami. Il commence alors à prendre des contacts pour une opération spéciale. Edward James, riche héritier qui soutient financièrement le mouvement surréaliste depuis ses débuts apportera les moyens financiers. Man Ray, le photographe, va apporter ses précieux talents de faussaire. Quelques mois plus tard, l'idée a pris forme. Elle va mettre en jeu un navire français, le Commandant Merle, qui va quitter Nantes pour l'Algérie. Dali, James et Serge, un ami gitan du peintre s'envolent pour le Portugal où ils vont tenter de faire intervenir un trafiquant, mais vont se voir surpris par les services secrets de Franco. Il ne se découragent pas et nouent contact avec des membres du Komintern, organisation communiste internationale. Dali fait diversion en créant un énorme scandale lors d'une exposition où il peint une fresque murale provocante, pendant que les étapes du plan se mettent en place. Le moment de l'exécution approche...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouveau diptyque, les auteurs imaginent que Salvador Dali s'engage dans la guerre d'Espagne suite à l'assassinat de Garcia Lorca, qui a réellement eu lieu dans les conditions que l'album décrit. C'est un Dali jeune que les auteurs mettent en scène, déjà célèbre et provocateur, bien avant la pub pour le chocolat Lanvin (que les plus jeunes... enfin les encore un peu jeunes aillent donc sur Youtube voir de quoi il s'agit). On croise des personnages célèbres de l'époque surréaliste autour du peintre catalan, et l'atmosphère de provocation générée par l'artiste est pas mal mise en avant. Le coup qu'il essaye de mettre au point en revanche est un peu plus flou. Ça part un peu dans tous les sens et il faudra attendre la suite pour bien comprendre où il veut en venir et à dans quelle mesure il maîtrise ce qui va se passer, tout occupé qu'il est par son obsession du homard. Graphiquement, la partition de Renato Arlem est très propre, mais assez figée, rythmée par la reproduction d'un grand nombre de photographies qui raidissent l'ensemble, et qui donnent l'impression que les protagonistes posent un peu sur un décor très chargé. Une tendance technique de plus en plus présente chez les dessinateurs réalistes, probablement pour des impératifs de temps, même si Arlem a déjà fait sa réputation en dessinant des comics pur jus, et démontré sa capacité à dessiner sans photos, avec toute la percussion nécessaire. On attendra donc un petit peu pour découvrir l'ampleur du twist historique provoqué par le peintre mégalomane, même si de premières touches apparaissent évidemment en fin d'album. Pour ça, Duval et Pécau ont déjà démontré qu'on pouvait leur faire confiance.