L'histoire :
Félix est installé dans la routine de son boulot sur la lune, à bord de l'engin d'exploitation qu'il copilote avec Arkady. Lorsqu'il croise la très belle Babette dans un des ascenseurs du chantier, leur échange suscite des réactions des autres prisonniers. Notamment de Miki, un des lieutenants de la mafia russe qui fait des avances appuyées et menaçantes à la jeune femme. A mesure que le nouveau groupe de prisonniers s'intègre, chacun tente de trouver sa place dans ce monde clos et violent. Certains ne sont absolument pas là par hasard, et si Félix, prisonnier de droit commun, entend bien retourner sur Terre sans faire de vague dès qu'il aura purgé sa peine, il n'en va pas de même pour tout le monde. Depuis la Terre, un groupe de révolutionnaires veut tenter de renverser le régime soviétique qui domine toute l'Europe. Pour cela, ils ont infiltré la colonie lunaire, et visent à saboter l'approvisionnement en Hélium 3 en provenance des mines. Dépourvu de sa source d'énergie, le régime communiste devrait s'écrouler. Mais ce dernier a stratégiquement installé sur la Lune des représentants des mafias russes, pour que leur cupidité maintienne l'activité de production et d'expédition d'hélium.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévu en trois tomes, le récit démarre pour de bon dans ce deuxième épisode qui mélange habilement les retours en arrière historiques et le début des affrontements sur le sol lunaire. Les scénaristes dévoilent le détail de leur réalité alternative, qui a vu l'ensemble des pays d'Europe conquis par la révolution d'origine russe, et l'installation d'une dictature sur plusieurs décennies. Le départ de cet album est très accrocheur, et nous immerge très efficacement à la fois dans les enjeux individuels de nos deux héros et dans leur dimension politique. On découvre ce que cache Babette et on imagine que Félix va se révéler à mesure que les oppositions se transforment en affrontements. Jean-Michel Ponzio illustre tout cela à sa manière très particulière, impressionnante lorsqu'il met en scène des engins ou des constructions spectaculaires, mais trop statique lorsque ses personnages ressemblent à des acteurs de roman photo. Si on n'est pas fan de cette technique purement informatique de constitution de planches à partir d'éléments photographiés ou numérisés, il n'est pas facile de s'abandonner complètement à la lecture. Pourtant le récit est dense, sans réelle contrainte graphique, à la manière d'une superproduction de cinéma. Et nous laisse évidemment sur un beau suspense en attendant le tome de conclusion.