L'histoire :
Paris, 1894. Ferdinand, comte d’Esterhazy, perd encore au black jack. Il demande un prêt du casino, mais il est refusé, car le gentilhomme doit déjà 140 000 francs, soit près de 30 fois son salaire mensuel d’officier de l’armée… Un temps tenté par le suicide, il est rattrapé par des hommes de main de l’un de ses créanciers, auquel il doit 25 000 francs. Celui-ci le menace de s’attaquer à sa famille… Plus personne ne veut lui prêter de l’argent, surtout pas les banques, qui viennent de subir le plus grand scandale financier de l’histoire, pour le canal de Panama. Esterhazy est aux abois. Ce qu’on sait de lui ? Il n’a jamais été comte, il a raté Saint-Cyr malgré des études au lycée Bonaparte, il a servi chez les zouaves, puis dans la légion et puis, un jour, criblé de dettes, dépassé par la drogue du jeu et son train de vie trop élevé, il décide de vendre ses services à l’Ennemi, l’Allemagne, vainqueur de la France en 1871. C’est le début d’un engrenage vicieux qui va mener à la condamnation du capitaine Dreyfus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sujet est intéressant. Grave. Comment la machine d’Etat s’est emballée au point de condamner sans preuve un parfait sujet de la République, au mépris des évidences et même des preuves, accusant un autre bien moins vertueux. C’est un mystère de l’hystérie collective. Mais le scénariste Fred Duval va plus loin, il se place du point de vue de l’usurpateur, Ferdinand Esterhazy. Il a tout raté dans sa vie, c’est un boulet de la société et pour payer ses dettes, il se fait espion contre la France. Un espion de seconde zone qui ne délivrera que des informations sans intérêt. Dans un contexte de crise internationale et française, de scandale politico-financier de Panama et de mise au pilori des juifs, une note banale, envoyée par Esterhazy à l’ambassade allemande, va devenir une pièce à conviction importante dans l’accusation du capitaine Dreyfus, dont le seul tort est d’être juif. L’histoire est passionnante, l’angle est audacieux… et on a pourtant l’impression de lire une BD mal fagotée. En effet, le ton reste hésitant entre comique, ironique et factuel, sérieux. Du coup, on ne rentre jamais dans cette histoire et même les précisions historiques ont du mal à nous cueillir. Dommage, car le dessin et les couleurs de Florent Calvez sont agréables, collent bien au récit et à l’époque, sont dynamiques et lisibles. A l’arrivée, il manque un truc. Dommage.