L'histoire :
Théo est un petit garçon un peu spécial, qui vit au sein d’un grand orphelinat newyorkais. Doté d’un quotient intellectuel supérieur aux autres, il a les meilleures notes dans toutes les matières et mériterait largement d’intégrer la classe de ses ainés. Ces résultats incroyables lui valent d’ailleurs une attention toute particulière de la part du superviseur Norton, pourtant craint des autres enfants. A vrai dire, tout irait pour le mieux, si Théo n’était aussi cafardeux et s’il n’avait quelques… troubles. Car non seulement il est persuadé qu’une tour invisible et démesurée se dresse en plein cœur de New-York (il la cherche, en vain), mais en plus il a parfois des visions atroces : des fantômes sortent du sol et le terrorisent. A chaque fois que ça arrive, la réaction de Théo provoque un court-circuit ou un incendie. Il passe sous silence ces apparitions, mais se confie régulièrement de son obsession pour la tour à Alice, intelligence artificielle et compagne de recherche au quotidien. Bizarrement, Alice n’alerte jamais Norton de l’état émotionnel de Théo, alors qu’elle est théoriquement programmée pour cela. Et puis arrive ce jour, où lors d’un simple match de hockey, Théo ne supporte plus la persécution physique d’un joueur de l’équipe adverse. Dans une débauche d’énergie aussi brève que violente, Théo le massacre et le tue devant ses camarades…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le futur « ésotérique » mis en place dans ce premier opus se rapproche fortement du ton d’Akira… mais n’emballe pas encore tout à fait, faute d’en savoir plus. C’est réussi concernant l’ambiance d’anticipation, plus mitigé quant à comprendre de quoi il retourne pour le moment. Primo, les cadrages et le découpage, le rendu pastel des couleurs et la lumière rasante, participent pleinement à l’installation d’une atmosphère déshumanisée et lénifiante. Il s’agirait d’un film, la musique se bornerait à une enveloppe monocorde un peu glauque… Au dessin, Thomas Allart alterne les plans larges sur la ville, absolument splendides, et des scènes d’action « stylisées », aux perspectives et rendus hachurés ou minimalistes, plus discutables… (p.44 45). Néanmoins, ces choix sont en parfaite adéquation avec le ton du récit insufflé par (le soudain très prolifique) Julien Blondel. Assurément, la narration de ce scénariste prometteur fait montre d’une belle maturité, mais elle sollicitera toute votre concentration. En fait, les auteurs en disent beaucoup par la forme et font paradoxalement beaucoup de mystères sur la trame générale de cette mise en bouche. Enfin, on a parfois du mal à comprendre le sens ou l’attribution des phylactères en voix off dans la dernière partie. Qu’est-ce, finalement, que cette tour ? Quel rôle joue le sombre Norton dans cette histoire ? Sommes-nous confrontés à un récit ésotérique ou à un simple cyber-thriller ? Et au fait, pourquoi Théo est-il orphelin ? Cette mise en bouche pose une quantité folle de questions. La suite, deux tomes à venir pour boucler la trilogie, nous permettra certainement de nous y retrouver…