L'histoire :
En juin 1808, sous la houlette de l’aristocratie espagnole, des révoltes populaires s’organisent pour empêcher l’invasion militaire française. En effet, sous prétexte de « libération » démocratique et cultuelle, Napoléon poursuit sa conquête de la péninsule et il a d’ores et déjà installé son frère Joseph sur le trône d’Espagne. Fougueux et rusé, Angel Talavera est leader d’une des factions qui accumule les victoires. Jadis, lorsqu’il était enfant, il était pourtant un simple paysan, issu d’une famille on ne peut plus modeste. Mais grâce à ses facultés intellectuelles, sa volonté farouche, l’appui du padre local et quelques providentiels soutiens financiers, il a bénéficié d’une bourse pour mener des études supérieures. Aujourd’hui, pour les beaux yeux de la fille d’un comte, il ambitionne de se hisser au-dessus de sa condition. Ses victoires sont autant de points de notoriété qui lui permettent d’espérer conquérir le cœur de la belle Miranda. Lors d’une embuscade, un pli confidentiel lui tombe entre les mains, contenant une information capitale. Il voit là un biais radical pour devenir un héros national ! Et s’il s’agissait d’un piège ? Et s’il devait sa basse extraction à un terrible secret de famille ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Frank Giroud (qu’on ne présente plus) propose en ce mois de juin 2013 deux nouveaux Secrets de famille, parus de conserve, tous deux prévus en diptyques. Cavales prend pour contexte historique le début de la guerre d’indépendance espagnole (1808). A l’époque, l’armée napoléonienne conquérante se heurte à des guérillas populaires motivées ; l’une de ces factions est ici dirigée par un parvenu, héros de notre histoire. Mu avant tout par des motivations politiques, Angel Talavera combat aussi par ambition : il brigue le cœur d’une noble damoiselle et espère pouvoir se hisser au-dessus de sa condition. Toutefois, il découvre qu’il n’est pas totalement maître de ce parcours initiatique, car les puissants sont retors et surtout, un secret de famille est à l’origine de sa destinée hors norme. Une nouvelle fois, le scénario de Giroud est très dense – on peut le trouver complexe – mais néanmoins tout à fait explicite pour quiconque prend le temps de s’y immerger. A l’issus de cette mise en bouche, le secret en question commence à apparaître en filigrane… Ce hiatus généalogique sera plus assurément dévoilé dans le second tome. En tout cas, le scénariste réitère son invariable souci de documentation : la reconstitution historique est impeccable et très crédible. Mais le plus étonnant reste encore la grande maturité graphique dont fait preuve Javi Rey, pour qui il s’agit ici de la toute première bande dessinée (en 62 planches, siouplait !). Son dessin semi-réaliste est parfaitement au point, sans lacune apparente : expressivité des personnages, décors panoramiques, gestion des mouvements… En outre, le belgo-ibérique se livre parfois à de véritables morceaux de bravoure lors des scènes de foule et de combats en plans larges. Un artiste à suivre de très près !
